Duchamp, Man Ray, Picabia

La Tate Modern de Londres présentera à partir du 21 février 2008 une exposition regroupant les œuvres de Duchamp, Man Ray et Picabia.

C’est à New York aux alentours de la première guerre mondiale que ces trois artistes se rencontrent pour la première fois et nouent une amitié qui durera tout au long de leurs vies :

– Francis Picabia est peintre, en pleine période d’exploration cubiste et vient de présenter Je revois en souvenir ma chère Udnie (1913/1914)

– Emmanuel Rudnitzky dit Man Ray, l’homme rayon de lumière, vient d’exposer The Rope Dancer Accompanies Herself with Her Shadows (La Danseuse de corde s’accompagne de ses ombres) 1916. Sa rencontre avec Marcel Duchamp en 1915, lui fera abandonner la peinture de style cubiste pour explorer l’image par des formules non conventionnelles qui le mèneront à la rayographie (photographie sans caméra, 1922) et à la solarisation, 1929.

– Marcel Duchamp connait enfin la gloire en exposant aux Etats Unis son tableau Nu descendant un escalier (N°2), tableau qu’il avait dû retirer du Salon des Indépendants, deux ans plus tôt. Mais la peinture a cessé de l’intéresser et il commence déja à expérimenter de nouvelles voies artistiques

Ensemble ils lanceront le Dadaïsme à New York, ce mouvement qui privilégie la liberté totale de l’artiste dans la recherche de la créativité à travers le plaisir, l’humour, la provocation et la dérision. Duchamp résume parfaitement leur démarche dans la définition qu’il donne de son ami « Man Ray, n.m. synon. de joie, jouer, jouir. »

L’exposition nous permet de suivre l’évolution de ces artistes sur près de quarante ans, on y retrouve :

– Une sélection de ready-made de Duchamp (pièces que l’artiste trouve déjà faites et qu’il sélectionne pour sa neutralité artistique) ainsi que l’Optical cinéma avec son film Anemic cinéma dans lequel il explore le temps, la vitesse et la décomposition des mouvements. Et pour la première fois en Europe, nous aurons la possibilité d’admirer Etant donné, « ce testament agressivement érotique et mystérieusement amoureux » que Duchamp a mis vingt ans à élaborer et que le public n’a découvert qu’après sa mort au Philadelphia Museum of Art.

– Les œuvres tardives de Man Ray

– Une sélection de la série des Monstres de Picabia ( caricatures de tableaux classiques comme Les trois Grâces de Rubens, La femme au chien de Dürer et déformations de cartes postales romantiques de l’époque) ainsi que des peintures de points.

On pourra y découvrir aussi des extraits de film dont Le court-métrage Entr’acte, partie d’échecs entre Man Ray et Duchamp, écrit en 1924 par Picabia et réalisé par René Clair ainsi que des photographies, des lettres, des livres et des magazines illustrant l’amitié entre les trois artistes.

Cette exposition se tiendra à Londres jusqu’au 26 mai 2008.