Un mensonge presque parfait – Avis +

Présentation de l’éditeur

David Remler, célèbre psychothérapeute new-yorkais, est veuf depuis trois ans. Le jour où une belle et mystérieuse jeune femme, Samantha Kent, se présente à son cabinet, il en oublie toute réserve professionnelle. Souffrant de l’emprise d’un mari manipulateur et, à bout de force, elle se déclare prête à aller jusqu’au meurtre pour retrouver sa liberté. Lorsqu’une nuit, elle appelle David pour lui annoncer qu’elle est passée à l’acte, celui-ci se précipite chez elle sans réfléchir. Il découvre le corps du mari poignardé, mais Samantha a disparu sans laisser de traces… Pour la police arrivée sur les lieux, il est le coupable idéal, d’autant que les indices s’accumulent contre lui. David comprend alors qu’il est tombé dans un terrible piège…

Avis de Marnie

Même si la trame de cette intrigue est on ne peut plus classique, cette histoire se laisse lire de la première à la dernière page avec non seulement de l’intérêt mais aussi beaucoup d’enthousiasme. Est-ce le style ? La personnalité du héros ? La richesse des personnages secondaires ? Les rebondissements ? Et bien, oui, tout cela à la fois.

Raconté à la première personne, le récit a donc les défauts et qualités de ce parti pris : nous n’avons qu’une seule perception et donc un seul point de vue et cela limite nos champs d’investigations, cantonnant l’histoire de manière linéaire, qui se mesure seulement à l’aune des découvertes du héros. Toutefois, en contrepartie, cela provoque chez le lecteur une empathie immédiate pour le narrateur.

David Remler est un psychiatre new-yorkais riche, célèbre, séduisant… le héros parfait. Mais voilà, c’est là que se situe le trait de génie de Howard Roughan : derrière cette enveloppe de type idéal, se dresse très vite le portrait plus nuancé d’un homme vulnérable. David ne se remet pas de la mort de sa femme et de l’enfant qu’elle portait, survenue trois ans auparavant. Il vit de façon mécanique, en retrait, partagé entre son boulot et la visite à ses deux amis les plus proches qui le soutiennent, et qui le traînent dans diverses soirées qui ne le divertissent même pas. Il n’est ni spécialement brillant, ni plein d’humour. Son seul atout est l’observation des autres…

C’est un cérébral, qui va vivre le cauchemar qu’il va subir, non pas en victime, mais en contemplant avec stupeur le désastre qui s’abat sur sa tête. Nous assistons assez rapidement au piège qui se referme implacablement sur lui, et à la mise en place de son procès. Le déroulement des évènements s’enchaîne avec une certaine nervosité, lui donnant un rythme très cinématographique et qui s’assume comme tel. L’auteur n’hésite pas à faire de multiples références à des jeux de caméra, certains films ou autres plans. Nous ne cessons pas de nous demander qui pourrait l’incarner à l’écran. Si lui voit Tom Cruise, nous pensons plutôt à des acteurs introvertis comme Kevin Spacey ou John Cusack qui pourraient transposer grâce à leurs expressions toute la subtilité d’un homme qui n’a pas encore prouvé aux autres et à lui-même ce dont il est capable.

Il y a une vraie volonté d’avancer dans cette histoire, de l’entrain et des péripéties. Si vous appréciez les livres de procès, vous serez servis. La partie juridique est très travaillée, et l’on assiste à ces audiences comme à des pièces de théâtre, sous les yeux du narrateur toujours observateur espérant sans même y croire, un miracle qui va le sortir de cette abîme, aidé par son ami et avocat, et les deux as du barreau qu’il lui a trouvé. Peu a peu, la colère de s’être fait manipuler qui couve en lui, va monter, monter… jusqu’à le submerger. Mais là encore, l’auteur a l’intelligence de ne pas écrire les scènes d’action au premier degré. Il y a beaucoup d’humour et de dérision dans la description de notre anti-héros tentant sans franchement réussir de jouer au justicier à la Mel Gibson !

Les personnages secondaires sont différents les uns des autres, offrant ainsi des visages new-yorkais représentatifs sans être trop caricaturaux. La personnalité toute en retrait du narrateur s’attache à faire ressortir les caractéristiques les plus intéressantes et aussi extraverties de ces êtres qui évoluent autour de lui avec une vivacité qui contribue au rythme très enlevé de cette histoire. Il y a beaucoup de chaleur et de tendresse dans ces dialogues vifs et amusants, ainsi que, petit atout supplémentaire, des analyses pleines d’acuité, incisives et mordantes sur la vacuité des comportements humains.

Au final, un excellent petit polar bien nerveux, avec un héros attachant comme rarement dans ce genre de thrillers, humour et amour en prime, ce qui ne gâche vraiment rien, et qui nous fait passer un bon moment avec New York en toile de fond. Une très bonne découverte !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 416
Editeur : 10/18
Collection : Domaine Etranger
Sortie : 17 janvier 2008
Prix : 8,50€
Titre original : The Promise of a Lie