Les portes du sommeil – Avis +

Résumé

En villégiature à Paris, Singleton et Trelawney sont appelés par l’inspecteur Edmond Fourier de la Sûreté nationale pour enquêter sur une affaire délicate. Le marquis Brindillac, physiologiste, réputé pour ses études sur le sommeil, est retrouvé littéralement « mort de peur » dans son lit. Aurait-il été la victime d’un esprit frappeur ? Mais un énigmatique « personnage en noir » n’est pas sans inquiéter les deux hommes.

Guidés par leur intuition, les deux anglais vont se lancer à sa poursuite. Leur enquête les conduira à un mystérieux château sur le Danube, où ils se retrouveront au cœur du projet maléfique du ténébreux Kessling, un maître en sciences occultes.

Avis de Trinity

Cette deuxième aventure des deux détectives en herbe qui ont gagné en reconnaissance depuis Le fantôme de Baker Street reprend les mêmes ingrédients que ce premier tome, à savoir intrigue policière dans les années 1930 avec une dose massive de paranormal. D’ailleurs, la veille de la Seconde Guerre mondiale est subtilement évoquée par l’auteur à travers différentes références sur les décisions prises par Hitler, nouvellement élu, et la montée du nazisme. Pourtant, ce récit est mieux construit, maintenant que les personnages sont connus et installés, et le fantastique vient en complément à l’enquête policière sans que cela soit tiré par les cheveux, le mélange étant au contraire homogène et très intéressant, laissant le lecteur satisfaire sa curiosité.

Après l’invocation des fantômes et les manifestations psychiques, le roman s’intéresse cette fois-ci au mouvement surréaliste et aux succubes qui s’introduisent dans les rêves. Et il se déroule à Paris et non plus à Londres, permettant à l’auteur de plonger dans l’ambiance du Paris des années 30, qui évolue de façon culturelle et urbaine. Ainsi, deux figures de la littérature française sont fréquemment citées, une d’entre elles étant même intégrée dans le récit en tant que personnage. Gérard de Nerval et André Breton sont des hommes dont les noms sont célèbres mais dont l’œuvre n’est connue que par les spécialistes et les curieux. Il est intéressant d’entendre parler d’eux dans une fiction et de connaître un peu leurs ouvrages et leur pensée. Le fait que les deux personnages principaux, d’origine anglo-saxonne, parlent un français parfait et élaboré ne constitue pas à l’évidence une difficulté pour l’auteur mais il faut passer outre cette curiosité afin de savourer pleinement le texte.

L’enquête est menée tambour battant par Andrew, rejoint par James un peu plus tard. Cette course-poursuite à travers l’Europe, nous faisant passer d’un pays à l’autre et nous laissant pénétrer dans des décors grandioses et mythiques, croise une aventure plus surnaturelle, à l’image des rêves troublants qu’Andrew fait dans son sommeil. L’apparition d’une séduisante jeune femme dont Andrew tombe sous le charme est traitée de manière féérique et évanescente, me faisant penser au fameux poème de Paul Verlaine, Mon rêve familier, issu des Poèmes saturniens, dont je vous retranscris le premier quatrain :

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Le fait que le dénouement et l’épilogue soient insatisfaisants du point de vue de l’explication des évènements passés et du suivi des faits postérieurs à l’affaire constitue le point faible de ce livre qui, malgré tout, constitue un thriller historique très original dont on ne demande qu’à connaître la suite !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 251
Editeur : 10/18
Collection : Grand Détectives
Sortie : 17 janvier 2008
Prix : 6,90€