Lust caution – Avis +

Résumé

Dans la colonie anglaise de Hong-Kong, un groupe d’étudiants chinois organisent la résistance face à l’envahisseur japonais en 1938. Leur cible est le chinois Mr Yee, responsable des renseignements. La jolie Wong est chargée de le séduire. Elle se présente comme la respectable Mme Mak dont le mari est resté en Chine. Elle joue au Mah-Jong avec Mme Yee avant de pouvoir enfin rencontrer son mari au restaurant. Mais M. et Mme Yee sont nommés à Shanghai et ce n’est que trois ans plus tard que Wong pourra enfin rencontrer M. Yee dans une chambre d’hôtel. La rencontre sera torride.

Avis de Luc

Les images de Shanghai occupée par l’armée japonaise sont saisissantes : des centaines de malheureux font la queue pour obtenir un bol de riz, des blessés sont évacués, rappelant douloureusement que le vieux continent n’était pas le seul à subir une armée d’occupation. Ces scènes sont aussi fortes que celles du Pianiste de Roman Polanski. On a peu d’images de cette guerre d’occupation. Les seules qui viennent en mémoire sont celles de Tintin et le Lotus Bleu de Hergé, mais ici, les images sont moins colorées, moins exotiques et on est au coeur de ces Chinois qui souffrent.

Dans cette Chine occupée, un petit noyau d’étudiants résistent et c’est la jolie Tang Wei, jeune actrice inconnue ici, qui prètre ses traits à cette Mata Hari moderne. Elle est fabuleuse, elle irradie le film, c’est une véritable révélation. Bien qu’étant débutante, elle n’a pas de mal à séduire le redoutable M. Yee, chef des renseignements qui torture lui-même ses prisonniers. Mais leur relation prend vite des allures de passion charnelle totalement inattendue. Leurs ébats font penser à d’autres relations sado-masochistes, comme le douloureux Portier de nuit de Liliana Cavani avec Charlotte Rampling et Dirk Bogard ou l’étrange Belle de jour de Bunuel avec Catherine Deneuve et Jean Sorel. Cette relation charnelle ne provoque pas d’émoi, mais plutôt de l’inquiétude. On sait dès le départ que tout cela va très mal se terminer et on attend le dénouement avec angoisse.

C’est Tony Leung Chiu Wai (à ne pas confondre avec le Tony Lung Ka Fai de l’Amant de Jean-Jacques Anneau) qui donne les traits à cet inquiétant M. Yee. Il est remarquable de froideur et de cynisme, à mille lieues de ses compositions d’amant romantique dans les films de Wong Kar Waï (Les cendres du temps, In the mood for love ou 2048).

Le réalisateur taiwanais Ang Lee revient dans son pays pour nous conter encore une histoire d’amour torride et impossible, comme son bouleversant Le secret de Brokeback Mountain où deux jeunes et beaux cow-boys s’aimaient sous le regard réprobateur de la population locale et qui lui valu son premier Lion d’or à Venise.

Lust Caution vient à nouveau d’être récompensé par le même Lion d’or, prix très largement mérité.

L’année 2008 commence en beauté avec ce superbe mélodrame de passion sur fond d’occupation. Magnifique !

Fiche technique

D’après un roman de : Eileen Chang (Lust, Caution)

Genre : drame

Durée : 2h36

Sortie : 16 janvier 2008

Avec Tony Leung Chiu Wai, Tang Wei, Joan Chen, Anupam Kher, Wang Lee Hom, Tou Chung Hua, Chu Jr Ying, Kao Ying Hsuan, Ko Yu Lien, Johnson Yuen et Chin Ka Lok