Paper Moon – Avis +

Présentation de l’éditeur

This book is the winner of The Andrea Badenoch Fiction Award. The passionate love affair between Spitfire pilot Bobby Harris and photographer’s model Nina Tate lasts through the turmoil of World War Two, but is tested when his plane is shot down.

Disfigured and wanting to hide from the world, Bobby retreats from Bohemian Soho to the empty house his grandfather has left him, a house haunted by the secrets of Bobby’s childhood, where the mysteries of his past are gradually unravelled and he discovers that love is more than skin deep. Following on from « The Boy I Love », Marion Husband’s highly acclaimed debut novel, « Paper Moon » explores the complexities of love and loyalty against a backdrop of a world transformed by war.

Avis de Marnie

Etonnante et passionnante suite de The boy I love, nous ne pouvons qu’être bluffés par ce “25 ans après”, que relate Marion Husband, avec imagination et, il faut l’avouer, un certain culot. En effet, après nous avoir laissé sur une fin où le devoir, l’honneur et la fatalité semblaient être plus forts que l’amour… nous sont alors révélés les évènements qui ont suivi, dont certains sont de véritables coups de théâtre !

Nous voici en 1946, après les ravages de la seconde guerre mondiale. Le personnage central est Bobby, le fils reconnu par Paul à la place de son frère. C’est d’ailleurs un détail parmi d’autres que nous, lecteurs, savons, mais que le héros ne connaitra jamais… Superbe jeune homme, il était modèle avant guerre, pour pouvoir accomplir son rêve : être pilote d’avion. Blessé en 1944, il vient de sortir de l’hôpital où il a subi de lourdes opérations de chirurgie réparatrice. Défiguré et mutilé, il reste psychologiquement très fragile, n’ayant plus aucun but, plus aucun désir de vivre.

Ce sont toutes les nuances de ses relations avec son entourage, qui nous seront alors racontées… de l’amour et l’estime de son demi-frère et de sa mère, mais aussi de la pitié amicale de son ancien amour, Nina. Celle-ci semble s’éprendre de celui qui fut le meilleur ami de Bobby, Hugh, amitié inexplicablement rompue avant guerre par notre héros… Comme par hasard, Hugh n’est autre que le fils de Mick Morgan, l’un des plus poignants personnages de The boy I love, et que nous redécouvrons ici sous un jour quelque peu surprenant.

Peu à peu, le lecteur comprendra que le visage brûlé de Bobby n’est que la souffrance visible qu’éprouve le jeune homme. A 25 ans, il a déjà vécu plusieurs traumatismes qui l’ont profondément perturbés mais aussi transformés. C’est ainsi que si nous pensons que seul son physique est la cause de sa rupture avec Nina, en fait, leurs chemins s’étaient inexorablement séparés bien avant… Les conséquences des choix obligés de Paul ont eu des répercussions inattendues dans la vie de Bobby. Son enfance malheureuse, le rejet qu’il a dû supporter, son besoin de prouver aux autres et à ses propres yeux, qu’il existe, vont le pousser loin… trop loin !

Et voici qu’apparaît Jane, le personnage sans doute le plus lumineux et le plus touchant de l’histoire. Loin d’être la jeune fille naïve que nous pouvions croire que l’auteur allait inventer pour faire connaître au héros un nouveau départ, c’est au contraire une femme âgée de neuf ans de plus que lui, prisonnière d’une situation douloureuse qui surgit avec grâce et douceur. On peut alors penser à Margot, la mère de Bobby, qui d’une certaine façon s’est retrouvée dans la même situation que Jane, vingt-cinq ans auparavant. Est-ce l’époque ? Est-ce le courage qu’elle semble posséder envers et contre tout ? Jane va faire face et lutter…

Au centre de cette histoire, nous retrouvons, dans cette société toujours aussi pleine de préjugés, l’homosexualité, considérée comme une perversion. De tabous en double vie, du dégoût à la compréhension, du besoin au rejet, se posent les problèmes de l’identité et l’estime de soi. Marion Husband a le talent d’opposer l’apparence aussi bien physique que sexuelle, à la réalité beaucoup plus nuancée, de ce que nous sommes vraiment au fond de nous. De Bobby qui ne peut plus aller commander un verre dans un bar sans avoir peur de la réaction de rejet de la personne qui le servira, à Jane qui se choisit méticuleusement ses sous-vêtements comme si sa vie en dépendait… dans cette société faite de conventions bien définies ou tout est étiqueté, il faut avoir le courage de se regarder dans les yeux de l’autre, avec ses qualités mais aussi et surtout, ses faiblesses !

Excellente analyse des relations humaines, cette histoire aux multiples ramifications trouve ici sa conclusion. L’écriture est délicate et d’une sensibilité rare. La profonde solitude de chaque personnage est dépeinte avec tristesse et émotion. Enfermés chacun dans une image qu’ils ont fabriquée, leur profonde transformation intérieure nous est décrite par petites touches, pensées ou simples regards, tout en sachant éviter le pathos.

C’est donc un récit sur le fil du rasoir que nous apprécions dans toutes ses nuances. La retenue toute britannique est compensée par les risques que l’auteur n’hésite pas à prendre en bousculant les idées reçues. Les frontières de la romance sont largement franchies, avec audace, et tant mieux ! Il n’est pas étonnant que Marion Husband ait reçu un prix… ce livre le mérite.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 332
Editeur : Accent Press Ltd
Sortie : 6 mars 2006
Langue : anglaise