Le mec de la tombe d’à coté – Avis +

Résumé de l’éditeur

Désirée, veuve depuis peu, se rend régulièrement sur la tombe de son mari, mais par acquit de conscience essentiellement… Son mariage tenait plus du «copinage» que du grand amour. Au cimetière, elle croise souvent un homme de son âge, qui vient se recueillir sur la tombe d’à côté, et dont l’apparence l’agace autant que ladite tombe avec sa stèle tape-à-l’œil. Bibliothécaire, Désirée se consacre tout entière à son travail. Quant à Benny, il s’est retrouvé seul à gérer la ferme familiale et ses 24 vaches laitières après le décès de sa mère.

Rien, a priori, ne rapproche ces deux-là, et pourtant, il suffira d’un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres pour qu’ils soient tous deux éblouis.

C’est le début d’une histoire d’amour assez cocasse !

Avis de Marnie

Il nous arrive à tous de tomber sur un de ces romans, qui sont des “romances” tout en évitant soigneusement de poser cette étiquette dessus, un brin (si peu…) péjorative. Toutefois le papier rose ne trompe pas ! Se lisant d’une seule traite, cette attendrissante histoire douce et amère à la fois, nous touche et nous amuse à la fois.

Journaliste suédoise, Katarina Mazetti, a su trouver le même ton que celui d’une autre journaliste mais britannique, Helen Fielding, lorsqu’elle a écrit les aventures de Bridget Jones. En France, on pourrait penser à Janine Boissard, qui avec ce style en forme de petites phrases ou les sensations sont presque plus importantes que les sentiments, ou l’introspection superficielle mais dynamique (lorsque l’on commente les réactions de quelqu’un, que l’on regarde un décor, que l’on subit des coups du sort…) provoquent chez la lectrice une sorte d’identification… c’est ce que je pense, c’est tout à fait moi !

On peut détester ce style qui a entraîné certaines dérives de la “chick lit”. Honnêtement, quand le roman est bien écrit, ce qui est tout à fait le cas pour celui-ci, et qu’il respecte savamment le bon dosage, entre humour, tristesse, sentiments et action, le lecteur s’y plonge avec un grand plaisir. L’aspect qui se détache ici, est un problème peu abordé dans les romans actuels, pourtant au centre de la littérature du 19ème siècle (ainsi, Orgueil et préjugés de Jane Austen) : la différence de classe sociale.

Dans un contexte exotique pour nous, la Suède, on retrouve parmi quelques habitudes inconnues, et ce qui peut nous sembler être une pittoresque façon de vivre, les mêmes différences, que l’on retrouve en France. Pour mieux marteler son propos Katarina Mazetti a opposé le rural réactionnaire à l’intellectuelle gauchiste de la ville. 40 kilomètres les séparent… mais surtout leur univers respectif. Aucun n’a envie et ne pourrait changer. Ils s’aiment, ils le savent, ne sont pas heureux l’un sans l’autre mais ne peuvent vivre ensemble. Goûts, amis, besoins, ils n’ont rien en commun… ou du moins si, beaucoup, le désert affectif, ce qu’ils attendent de l’amour dont ils n’espéraient même pas que cela puisse leur tomber dessus, la tendresse, et les traits de caractère auxquels ils sont sensibles. Seulement, peu à peu, inexorablement, les aspects négatifs vont grignoter ce qui est positif…

La morale de cette histoire pourrait être : vaut-il mieux être malheureux seul ou à deux ? Le chapitre final est en fait très bien trouvé, une sorte de happy end désespéré tout à fait cohérent et plein d’émotion. Ainsi, Katarina Mazetti a le talent de savoir poser des questions existentielles tout en nous distrayant dans un roman sensible imprégné d’humour et de chaleur… A découvrir !

Avis d’Enora

De bouche à oreille, d’enthousiasme de lecteurs à éloge de bloggeurs, c’est comme ça que ce petit roman plein d’humour et de tendresse s’est taillé un véritable succès auprès du public français.

L’histoire est écrite en alternance par Désirée, bibliothécaire fluette, pâle, toujours habillée de beige et par Benny, agriculteur de trente six ans dont la seule compagnie depuis la mort de sa mère est celle de ses vingt-quatre vaches laitières. C’est à travers leurs ressentis respectifs, leurs espoirs, leur désespoir, que nous allons suivre cette aventure. L’attirance irrésistible qui les pousse l’un vers l’autre les étonne ; lui n’aime que les femmes girondes avec des bourrelets pour s’accrocher (sic !) et elle ne supporte pas les hommes aux habits aussi laids que voyants. Et pourtant entre eux naîtra un amour véritable, sensuel, chacun révélant à l’autre un coté ignoré de sa personnalité. Seulement voilà, un conte de fées peut-il survivre aux préjugées et au fossé qui sépare les catégories sociales ? « Ils étaient super sympas avec le pauvre blaireau de la campagne, ils parlaient très distinctement et traduisaient tout de suite en mots à deux syllabes ceux de quatre… Et une petite bibliothécaire exaspérante m’a demandé ce que les paysans faisaient en hiver. « Tu veux dire pendant l’hibernation des vaches ? » ai-je sifflé et ça a tout de suite refroidi l’ambiance à notre table…» Peut-on vivre avec une femme qui ne sait ni cuisiner, ni faire la lessive quand on a besoin d’une compagne qui aide à la ferme ? Peut-on vivre avec un homme qui traîne avec lui une odeur d’étable et ne lit que les factures quand on est fan de théâtre et d’opéra ?  » J’attendais de le voir admettre qu’il avait une âme, lui attendait sans doute qu’un tablier me pousse dans le ventre pendant la nuit ». Chacun analyse l’autre à travers son propre mode de pensées « Il me regarda et je sentis ses longues antennes tâter mon visage. Oui, il est sensible aux états d’âme. C’est sans doute nécessaire pour obtenir un bon contact avec nos amis les bêtes » et aucun des deux ne veut lâcher de terrain pour réussir à vivre ensemble leurs différences.

Katarina Mazetti raconte avec humour, tendresse et réalisme, la rencontre de ces deux personnages que tout sépare, poussant parfois jusqu’à la caricature pour mettre en exergue tout ce qui fonde et/ou détruit un couple. Elle montre avec réalisme comment la différence de l’autre, qui nous enrichit, peut aussi être source de difficultés en générant la peur de perdre son identité.

Le mec de la tombe d’à coté est un petit roman intelligent qui traite avec une vraie réussite de questions intemporelles sur un mode jubilatoire.

Extraits

« Je me suis attaquée à la mission d’être une épouse épanouie. Au bout de six mois, nous avions un mariage aussi confortable qu’une paire de pantoufles qui s’est faite à vos pieds… notre vie dans le lit double était un peu plus problématique et nous étions d’accord pour mettre ça sur le compte de mon enfance pauvre du point de vue sensuel. Orjan se donnait beaucoup de peine avec les préliminaires et moi je restais sèche comme du papier de verre numéro cinq, c’est dire si nous grincions

« Elle m’a demandé une fois s’il n’y avait pas autre chose que des vaches qui pourraient être rentables dans une ferme, je suppose qu’elle pensait à l’élevage de truites et à la culture d’immortelles et ce genre de choses. J’ai répondu sèchement que les seules choses qui paraissent vraiment rentables dans ce monde étaient les armes, la drogue et le sexe. »

L’auteur

Née en 1944, Katarina Mazetti est journaliste à la Radio Suédoise. Auteur de livres pour la jeunesse et de romans pour adultes, elle rencontre un succès phénoménal avec Le mec de la tombe d’à côté, vendu à plus de 450 000 exemplaires, dans un pays de 9 millions d’habitants ! Elle s’est inspirée de sa propre expérience de femme de fermier pour écrire ce roman qui traite d’un thème éternel, l’amour entre deux êtres.

Paru en juin 2006 aux éditions Gaïa, le livre a suscité un tel engouement que la maison d’édition a décidé de faire découvrir au public français deux autres romans de cette auteur : Les larmes de Tarzan et le premier volume d’une trilogie intitulée Entre Dieu et moi, c’est fini. Malheureusement, la suite des aventures de Désirée et Benny n’est encore ni traduite, ni programmée en France.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 253
Editeur : Gaïa
9 juin 2006
Prix : 20 €