Le Détroit de la mort – Avis –

Jeffrey se souvint de la phrase sinistre ponctuant le message envoyé par Klaus Mohr depuis le bordel : « Ténèbres éternelles si nous échouons« .
Cette prophétie allait bientôt se réaliser, qu’elles que soient les véritables intention de Mohr. L’hiver nucléaire, l’extinction de la race humaine ou la mainmise de l’axe sur la moitié du monde, en attendant qu’il s’attaque avidement à l’autre moitié.

Au fin fond des océans, à des milles et des milles de la terre la plus proche, veille celui que le monde anglo-saxon appelle, quand il n’est plus capable de trouver une solution à ses problèmes, quand il ne reste plus aucun espoir : le capitaine Fuller.

2012 : l’alliance entre l’Allemagne Impériale et l’Afrique du Sud Boer progresse dans sa conquête du monde. Après avoir conquis l’Europe de l’ouest (la France s’est rendue) et une large part de l’Afrique il semble que la prochaine offensive soit le Moyen-Orient. Outre leur supériorité technologique l’Axe Berlin-Boer bénéficie d’un large accès à l’Atlantique grâce aux ports européens (la France s’est rendue) et de sous-marins capturés (la France s’est rendue). Aux offensives terrestres s’ajoute une guerre sous-marine menée à coups d’armes nucléaires tactiques mettant à mal les flottes et le ravitaillement des derniers défenseurs du monde libre à savoir les USA, le Royaume-Uni et le Commonwealth (la France s’est rendue… Oui, on sait !).

Le seul atout des alliés semble être le sous-marin nucléaire d’attaque à coque de céramique composite : le USS Challenger commandé par le capitaine Fuller. Celui-ci est convoqué à une réunion d’état-major afin d’authentifier des documents fournis par un transfuge allemand. Il s’agit de la transcription du récit de combat sous-marin de l’USS Challenger face à son homologue germanique le Grand Amiral Dönitz. Füller ayant vécu ce combat sous-marin dans le rôle de l’adversaire ne peut que confirmer l’authenticité de ces documents. Aussitôt, l’état-major américain valide la bonne foi de celui qui leur a transmis cette preuve de ses capacités à fournir des documents secrets. Or rien n’empêche un faux transfuge de transmettre des documents authentiques fournis par sa hiérarchie dans le but d’acquérir la confiance de l’ennemi (ce qui marche parfaitement, aucun des grands stratèges américains n’envisageant cette possibilité). De plus ces information n’ont aucune valeur tactique.

La biographie de Joe Buff nous renseigne que l’auteur a travaillé pour le ministère de la défense américain. Si cette expérience lui a servi pour écrire ce livre on ne peut qu’être inquiet pour les réflexions en matière militaire de la part de nos alliés (la France ne s’est pas encore rendue). Ce texte est assez souple en ce qui concerne la logique et la science. Ainsi du fait des explosions nucléaires tactiques déclenchées par les modernes U-boot dans la nouvelle bataille de l’Atlantique la population américaine à l’Est du Mississi ne quitte pas son masque à gaz. Or les radiations devraient affecter la production du middlewest agricole, fait qui n’est pas mentionné, à moins que les gastronomes américains ne voient aucun inconvénient à déguster des plats radioactifs.

Depuis Tom Clancy les écrivains de techno-thrillers utilisent largement les sous-marins, aussi rien d’étonnant à ce que le héros soit un commandant de sous-marin depuis cinq tomes de cette série évoquant la troisième guerre mondiale. En effet il s’agit d’une saga. je précise que j’avais cru (à tort) que Le Détroit de la mort était une traduction de Deep Sound Channel le premier tome de la série que les éditions Fleuve Noir avait débuté au tome 2. En réalité, Le Détroit de la mort est la traduction de Straits of power, soit le n°5 de la série qui en compte six (sur quatre titres traduits en français). Quant au premier tome tant espéré…

Au fait, mettre des sous-marins dans un techno-thriller, cela ne suffit pas.

Fiche Technique

Traduction : Florianne Vidal
Editeur : Fleuve Noir
Sortie : octobre 2007
Prix : 22 euros
Titre original : Straits of Power
Inédit grand format, 580 pages