Le combat ordinaire – Avis +

Le combat ordinaire c’est celui de la vie tout simplement, celui de Marco, névrosé obsessionnel et phobique qui se débat avec des crises d’angoisse récurrentes. Photographe –reporter, son métier lui pèse « J’en ai assez de photographier des cadavres exotiques ou des gens en passe de le devenir » ; célibataire endurci, il panique à l’idée d’engager une relation durable avec la gentille vétérinaire qui a soigné son chat Adolf, ainsi appelé parce qu’il est très méchant ; fils un peu distant, il découvre l’envie de connaître son père au moment ou celui-ci commence à être atteint d’Alzheimer.

Larcenet nous offre là une histoire émouvante et drôle, ou se mêle tendresse et dérision. Autour de Marco, tout un panel de personnages hauts en couleurs : son frère Georges, son voisin philosophe qui porte la croix de l’homme qu’il a été, un chasseur assassin [[pléonasme je sais, mais celui là est particulièrement gratiné… le chasseur, pas le pléonasme… quoique…]] qui tue les chats « Vous ne savez pas reconnaître un chat d’un faisan ?!!! C’est pourtant facile : un chat a beaucoup moins de plumes ! » et son psy « Le psy aimait beaucoup que je lui parle de mon enfance…c’était comme une compulsion chez lui » [[savoureux !]]. Marco se cherche , devient plus attentif à ceux qui l’entourent, son travail de photographe y gagnera d’ailleurs en acuité (tome 2 Les quantités négligeables) et peine à affronter ses paniques mais peut-être la fuite fait-elle partie de la lutte ?

Le dessin est quelquefois critiqué chez Larcenet comme facile, simpliste, déroutant, s’effaçant derrière le texte etc… mais il suffit de voir l’évolution du trait au cours des trois albums pour se rendre compte qu’il joue un rôle à part égale avec le texte.Dans le tome 3, Ce qui est précieux (un tome largement autobiographique selon l’auteur), Marco est en plein deuil, déboussolé par le drame familial qui vient de le heurter et les dessins dépouillés renvoient au vide qui l’habite. Les pages d’images sans textes sont d’une infinie sensibilité et nous parlent mieux dans leur silence qu’une multitude de mots. Tout le récit est ponctué de pages monochrome sépia (son œuvre de photographe) dans lesquelles, Marco se raconte à la première personne : ses phobies, la relation à ses parents, ses angoisses, sa peur de s’engager.

Marco, c’est un mec ordinaire en définitive, avec à peine plus de problèmes que tout un chacun et son combat est aussi le nôtre avec son lot de peines, d’angoisse, d’interrogations, de remise en question mais aussi d’amour. Si je vous invite aujourd’hui à découvrir ou à relire cette série qui est une vraie réussite et qui confirme le talent de Manu Larcenet , c’est que le tome 4 Planter des clous est enfin annoncé pour début mars 2008 !

Bibliographie

– Tome 1 : Le combat ordinaire
– Tome 2 : Les quantités négligeables
– Tome3 : Ce qui est précieux

Fiche Technique

Format : album
Pages : 54
Editeur : Dargaud
Collection : Le Combat ordinaire
Sortie : 30 avril 2006
Prix : 13 €