Le Désespéré – Avis +

Résumé de l’éditeur

Dans Le Désespéré, Caïn Marchenoir, le personnage principal, ne semble pas regretter d’en révolter plus d’un. Bien au contraire : un sentiment de jubilation hérité de l’auteur, Léon Bloy, écrivain peu enclin aux sourires de façade et aux sentiments tièdes.

Léon Bloy est l’empêcheur de danser en rond. Il fait de Marchenoir un trouble-fête, — un exalté, diront certains, un étrange trublion qui s’invite à la table des raveurs de son temps. Avec Le Désespéré, il part à l’assaut de ces murailles de vanité qui défigurent la littérature française de la Belle Époque. Fougueux, mordant, cet infatigable pourfendeur des conventions n’a de cesse d’exercer sa verve contre ses contemporains ; de ceux qui échappent à sa haine, il fait dire à son héros qu’il ne les estime pas assez pour éprouver un tel sentiment à leur égard.

Le Désespéré, autoportrait à peine maquillé d’un homme en procès contre l’infamie d’une élite baignant dans un trouble et poisseux mélange de conformité et de médiocrité. Les aficionados du genre autofictionnel, apprécieront de ne pas trouver ici la puanteur de poubelle qui rappelle l’âcre relent de certains romans d’aujourd’hui.

Léon Bloy (1846-1917), romancier et essayiste français né à Périgueux, est un grand utilisateur de formules imprécatoires, salué comme un précurseur de Louis-Ferdinand Céline.

Maurice G. Dantec, écrivain nord-américain de langue française né à Grenoble, en 1959, se consacre à l’écriture depuis 1990.

Avis de David

A la lecture de ce livre plusieurs interrogations surgissent. La première étant de comprendre pourquoi on ne l’a jamais étudié à l’école. Imaginez du Zola avec du vitriol en plus et des concessions en moins. Il aurait été intéressant de voir le professeur de français expliquer à ses élèves que quand Léon Bloy écrit « Aussi, la Fille aînée de l’Eglise, devenue la Salope du monde, les as triés avec une sollicitude infinie, ces lys d’impuissance, ces nénuphars bleus dont l’innocence ravigote sa perverse décrépitude ! Si l’Exterminateur arrivait enfin, il ne trouverait plus une âme vivante dans les quarties opulents de Paris […] il daignerait angéliquement de frapper du glaive les simulacres humains pavés de richesses qu’il y découvrirait« . Le monde n’a changé en rien depuis cent ans…

Cela amène d’ailleurs notre seconde question : comment un tel livre peut-il être encore à ce point d’actualité ? Surtout on peut se demander s’il n’a jamais été autant d’actualité que maintenant.

Léon Bloy avec sa plume trempée dans le soufre décrit un monde sordide dans lequel une personne riche explique posément à un démuni que, puisqu’il dépense entièrement ses 100 000 francs de revenus annuels, il est au final aussi pauvre que son interlocuteur.

Ce même passage a marqué Maurice G. Dantec qui préface ce livre à côté duquel nul ne devrait passer.

Mais la lecture de ce chef-d’oeuvre ne peut amener qu’à la conclusion que le désespéré n’est pas toujours celui que l’on croit.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 434
Editeur : Underbahn
Sortie : novembre 2005
Prix : 15,50 € (frais de port compris pour la France)