La mort et la belle vie – Avis +

Présentation de l’éditeur

Grande voix de la littérature de l’Ouest des Etats-Unis, poète reconnu, considéré par beaucoup comme  » un maître à écrire « , Richard Hugo est l’auteur d’un unique roman, resté mythique pour les amateurs de romans noirs : La mort et la belle vie, d’autant plus remarquable qu’il met en scène l’inoubliable Barnes La Tendresse. Flic chevronné et poète à ses heures. Al Barnes a quitté la police de Seattle par lassitude et haine de la violence. En s’établissant à Plains, petit patelin du Montana. Il pense pouvoir enfin mener  » la belle vie  » et s’adonner à ses plaisirs favoris : les femmes, la pêche et la bonne chère. Mais ses espoirs sont vite anéantis lorsque sont commis des crimes qui l’entraînent dans l’enquête la plus complexe de sa carrière et qui réveillent une autre affaire vieille de vingt ans…

Avis d’Enora

Richard Hugo (1923-1982) fut le professeur de littérature de James Welch et de James Crumley mais fut surtout un grand poète. Albin-Michel a permis au public francophone de découvrir ses poèmes en 2004 dans sa collection Terres d’Amérique.

Roman policier parce que comme le soulignait James Welch dans la préface, on y trouve tous les ingrédients du genre (du sexe, de la violence, des crimes, des personnages fascinants et une formidable intrigue), Death and the good life, seul roman achevé de l’auteur, est aussi grâce à son personnage principal Al Barnes La Tendresse, un roman plein d’humour et de poésie, et un hymne à la nature, à ce Montana, creuset de grands auteurs américains.

Al Barnes, poète à ses heures perdues est un flic compatissant et compréhensif qui attire les confidences. Il travaille sous les ordres de Yellow Bear, shérif aussi taciturne qu’intelligent, à la carrure impressionnante avec ses 130 kilos et dont la réplique favorite est «Ne m’appelez pas chef, je suis un brave ». Al Barnes est un homme qui aime la vie et surtout les femmes avec poésie « C’était l’une de ces légères caresses que donnent les femmes et qui pèsent des tonnes de tendresse ». Tout en ayant trouvé l’amour avec Arlène, une tenancière de bar, il n’en est pas moins sujet à des flambées de désir (non sans trace d’autodérision !) face à celles qu’il va croiser lors de son enquête : « Qu’elle était belle, et une femme bien en plus ! Gentille, compréhensive, chaleureuse, le sens de l‘humour. L’espace d’un instant j’imaginai ce que ce serait de l’avoir pour épouse. Puis j’imaginai juste ce que ce serait de l’avoir ». Profondément humaniste, il est en empathie avec ceux qui souffrent qu’ils soient coupables ou victimes : « Je pensai à un monde où la vie est trop dure, où on nous demande d’en supporter davantage qu’on est capable. Je chialai comme un môme. Pour personne en particulier, pour nous tous ». Son travail dans la police ne l’a pas rendu dur et indifférent aux autres, au contraire ce qu’il a découvert de l’homme lui fait porter un regard plutôt positif sur son prochain malgré le racisme qu’il rencontre parfois. Noter l’humour toujours présent même dans ces situations d’intolérance « Les tribunaux acquittent tous les jours des criminels et surtout ceux qui ne sont pas blancs comme les nègres, les indiens et les italiens ».

Ce personnage si attachant va se retrouver au cœur d’une intrigue à rebondissements qui se déroule comme un hommage aux maîtres du genre. Polar à la fois classique et unique en son genre, La mort et la belle vie est l’unique aventure de ce flic au grand cœur, Richard Hugo ayant succombé à une leucémie deux ans après sa parution. C’est une grande perte comme le souligne Sylvaine Jeminet car « Il avait amorcé là, entre l’humour caustique et cynique de Jim Thompson et la prose souple et fluide de Raymond Chandler, une voix singulière, rencontre d’une jouissance poétisée, presque épicurienne et d’un réel sans enchantement. »

Fiche Technique

Format : poche
Pages: 260
Editeur : 10/18
Sortie : 18 août 1999
Collection : Domaine étranger
Titre original : Death and the good life (1980)