Cinecinema culte – Lonesome Jim

A 27 ans, Jim est fauché et contraint de revenir vivre chez ses parents dans une petite ville éteinte du Midwest américain. Manque de chance, les travers du cocon familial bancal se révèlent bientôt aussi navrants que ses propres névroses…Seule Anika, jeune infirmière rencontrée un soir comme par miracle, semble pouvoir redonner à son existence atone un zeste de fantaisie et de piquant…

Troisième long métrage de Steve Buscemi après Happy Hour et Animal Factory, on y retrouve l’humour noir qui le caractérise dans la lignée des Jarmusch et autres Cohen. Il analyse avec un mélange de férocité et de tendresse les liens qui unissent les membres d’une famille déprimée et déprimante : les parents tellement peu imaginatifs qu’ils ont nommés leurs fils Tim et Jim ; la mère, gluante d’affection fusionnelle qui ne sait pas frapper aux portes et refuse de voir la débâcle de sa famille ; le père pratiquement inexistant ; le frère suicidaire, divorcé avec deux filles, contraint de vivre chez ses parents ; et au milieu d’eux, Jim qui les aime et les hait à la fois.

Il y a des scènes d’anthologie : celle où l’oncle donne des conseils à son neveu pour éviter l’éjaculation précoce et tenir les dix minutes nécessaires ; le moment où Jim déclare à son frère avec un certain plaisir que si lui est un raté, la vie de Tim, elle, est une véritable tragédie ; l’échange entre Jim et sa mère, quand à sa question sur ce qu’elle a pu faire pour rendre ses fils aussi malheureux , il lui répond qu’il y a des gens qui ne devraient jamais avoir d’enfants .

Casey Affleck, frère de Ben et beau-frère de Joaquin Phoenix, confirme ici tout son talent de comédien dans le personnage dépressif de Jim. Liv Tyler s’en sort très bien pour une fois, en infirmière sensible , un peu naïve mais heureuse de vivre, véritable bouffée d’oxygène au milieu de tous ces névrosés. Une mention spéciale à Mark Boone Jr, hilarant en tonton dealer.

A noter que le scénario de ce film tourné avec un très petit budget en seize jours, est dû à James C. Stouse. Celui-ci a reçu le prix du meilleur scénario pour Grace is Gone au festival de Sundance 2007.