Tom est mort – Avis –

Résumé de l’éditeur

Voici dix ans que son fils est mort, il avait quatre ans et demi. Pour la première fois depuis ce jour quelques moments passent sans qu’elle pense à lui. Alors, pour empêcher l’oubli, ou pour l’accomplir, aussi bien, elle essaie d’écrire l’histoire de Tom, l’histoire de la mort de Tom, elle essaie de s’y retrouver.

Avis d’Enora

Dommage que le talent soit moins fréquent que les polémiques dans cette rentrée littéraire 2007. Cette fois c’est une affaire de copiage : Camille Laurens accuse Marie Darrieussecq d’avoir plagié son dernier livre Philippe, ajoutant qu’on ne peut écrire sur la perte d’un enfant sans l’avoir vécue soi même.

Tout cela suscite chez moi plusieurs réflexions : d’abord comme le dit Philippe Lançon dans Libération (30 aout 2007) « La littérature est un plagiat qui a réussi ; l’écrivain écrit parce qu’il a lu et qu’il a aimé, il le fait dans un berceau tressé par ceux d’avant », ceci dit c’est la deuxième fois que Marie Darrieusecq est accusée de plagiat, la première accusation émanait de Marie Ndiaye. D’autre part, je m’interroge : y a-t-il des sujets tabous sur lesquels on ne peut écrire de fiction ? Que devient alors l’imagination s’il faut avoir vécu ce sur quoi l’on veut écrire ?

Dans Philippe Camille Laurens raconte le parcours d’une mère qui perd son enfant à la naissance à la suite de négligences médicales : d’abord la souffrance puis la recherche de la compréhension pour pouvoir continuer à vivre et enfin l’écriture pour faire revivre et rendre justice. C’est un témoignage bouleversant écrit avec finesse et ironie.

Tom est mort est dans un registre différent, c’est une fiction et c’est en tant que telle qu’il faut l’analyser. Ce récit est à la première personne, dix ans après la mort de son fils, la mère prend la plume et remonte le temps. Elle s’interroge sur sa vie, imagine les changements qui auraient empêché la mort de son fils, cherche des coupables. Elle raconte la sidération, la souffrance qui l’a rendue mutique de longs mois, l’incompréhension de l’entourage, la folie qui lui a fait mettre des magnétophones dans chaque pièce de la maison, persuadée que le fantôme de Tom cherchait à lui parler. Elle s’épanche sur cette souffrance tapie au fond d’elle-même, prête à ressurgir à l’improviste, sur cette part amputée d’elle-même. Ce n’est qu’à la dernière page qu’elle nous confie les circonstances de la mort de Tom et les raisons de son « deuil pathologique ».

C’est bien analysé, l’auteur sait de quoi elle parle, le thème de l’enfant mort hante déjà plusieurs de ses livres et est relié quelque part à sa propre histoire ; de plus elle est psychanalyste depuis 2006 et anime un groupe de paroles pour les mères victimes du distilbene. Alors pourquoi ce sentiment d’ennui au milieu de ce roman ? C’est long, répétitif , pour gagner en intensité le récit mériterait d’être élagué de moitié et paradoxalement l’évolution du couple et les émotions des autres enfants ne sont que survolées. L’auteur perd l’intérêt du lecteur en cours de route par sa surenchère mélodramatique et du coup l’émotion qu’elle avait fait naitre, retombe comme un soufflé. Désolée mais pour moi, Marie Darrieussecq n’a pas réussi la rencontre entre son personnage et son lecteur, il lui manque le talent d’une Laurence Tardieu , par exemple, qui sur les mêmes thèmes a su nous faire vibrer avec son superbe roman Puisque rien ne dure.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 246
Editeur : POL
Collection : Fiction
Sortie : 23 août 2007
Prix : 17 €