L’ennemi de l’ombre Avis +/-

Résumé de l’éditeur

Lorsqu’elle s’installe à Maplecreek, dans l’Ohio, l’ex officier de police Kat Lindley n’aspire qu’à oublier son ancienne carrière, brisée net par des blessures dues à l’agression d’un forcené un an plus tôt.

Dès son arrivée, pourtant, le chef de la police locale lui propose une mission délicate : infiltrer une communauté amish victime d’agressions de plus en plus violentes, et tirer parti de ce poste d’observation privilégié pour démasquer les auteurs de ces crimes. Comment refuser, quand de jeunes enfants sont injustement pris pour cibles ?

Avis d’Enora

Mon principal intérêt pour ce roman a été la découverte de la communauté amish à travers le regard de l’héroïne. Kat est une jeune femme au passé douloureux: orpheline de père, abandonnée par sa mère, placée dans une famille d’accueil, séparée de son jeune frère , elle est hantée par la culpabilité de la mort de ce dernier. Pour les besoins de sa mission elle se retrouve à jouer le rôle de fiancée amish auprès d’un jeune veuf, Luke, père de deux petits enfants de cinq et neuf ans. Auprès de lui et de la communauté, elle va découvrir ce dont elle a toujours rêvé : une famille, l’amitié, l’amour et la confiance.

Rien de mièvre dans ce récit. Luke est, lui aussi, un homme meurtri par la mort en couches de sa femme. Malgré son attirance pour Kat, il sait qu’il ne quittera jamais la communauté et ses valeurs, ce sont ses racines, ses croyances et c’est là qu’il veut élever ses enfants. Mais il a aussi ses faiblesses et il y a une scène très drôle ou la jeune femme découvre que chaque année il fait pousser du gazon très fin au milieu de son champ de maïs et qu’une fois que les plants sont assez grands pour le cacher, il s’adonne à son hobby : le golf !

Le personnage d’Eli le fils de Luke est particulièrement émouvant ; son premier vrai souvenir c’est celui de la mort de sa maman, il a alors quatre ans. La dernière fois qu’il l’a vue, elle a placé sa petite main dans celle de son père et leur a demandé de faire bien attention l’un à l’autre. Depuis Eli est habité par la crainte que son père ne meure aussi et par la responsabilité qu’il a de veiller sur lui. D’ailleurs à la fin il a une très belle phrase ou on sent à quel point le fardeau était lourd pour ses jeunes épaules « Si vous restiez, Kat, je n’aurais plus à surveiller mon père tout le temps, parce que nous serions deux »

A mon avis l’intrigue policière n’est pas transcendante mais elle permet de révéler d’autres représentants des Amish comme le grand père mis au ban de la communauté parce que alcoolique, ceci n’étant pas vécu ici comme une pathologie mais comme une faiblesse et un manque de foi.

On découvre grâce à ce livre cette communauté pacifique qui refuse le « progrès » pour sauvegarder ses traditions, sa foi et le contact avec la nature. Les personnages sont nuancés et sonnent vrai jusqu’au moment où l’auteur nous fait le coup du happy end : Luke emmène une Kat pleurant de joie vers Maplecreek, sa maison, sa famille. Or à un moment du livre, dans une toute petite phrase, Luke révèle qu’en épousant son « anglaise » il n’échapperait pas au meidung. Le meidung c’est l’expulsion de la communauté Amish, l’obligation de couper tous contact même avec ses amis et sa famille…

« Être Amish, c’est plus qu’une religion, c’est un clan. Si un jeune Amish devait se marier avec une non-Amish, des funérailles seraient organisées pour lui, et il serait rejeté par la communauté ». Journée en communauté Amish de Ludovic Hubler

Du coup, cette fin qui n’en est pas une, m’a laissée dans une grande frustration. Bien sûr c’est un roman, mais j’aurais préféré qu’il n’y eût pas cet épilogue qui détonne avec le reste du livre et parait si peu vraisemblable par rapport à la psychologie des personnages.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 448
Editeur : Harlequin
Sortie : 1 mai 2006
Collection : Best-sellers
Prix : 6,50 €