Superstition – Avis +

Résumé

En retournant dans la ville de son enfance pour des raisons professionnelles, Nicole Sullivan ne pensait pas qu’elle déclencherait un assassinat. Journaliste pour l’émission de télévision Investigation, elle réalise un sujet sur le meurtre irrésolu de 3 jeunes filles lorsque l’horreur se reproduit. Entourée de sa mère medium, de sa famille et du nouveau chef de police, Joe Franconi, elle mène l’enquête au péril de sa vie.

Avis de Marnie

Karen Robards est un des meilleurs auteurs actuels de “suspense romance”. Plus les années passent, et plus elle semble jouer avec le second degré, passant de l’ironie au sarcasme. Ici, elle flirte avec les extrêmes, certains préférant les recettes classiques pourront s’en irriter, j’ai d’abord failli tomber dans le piège, mais j’ai rapidement été gagnée par l’aspect jouissif de ses excès. Aucun génie, mais un savoir faire alerte et primesautier.

En fait, c’est l’héroïne qui fera certainement grincer des dents. Lorsque l’on regarde un film d’horreur, et que l’on observe en levant les yeux au ciel, la jeune femme poursuivie par un serial killer se précipiter tout le temps vers le danger, on se demande pourquoi ses réactions sont-elles si insensées ? Et bien, dans ce roman, cet aspect énervant est carrément poussé à l’extrême. Pour obtenir un scoop et continuer son émission racoleuse, la journaliste Nicole Sullivan ferait un pacte avec le diable. Elle a beau voir les personnes tomber comme des mouches autour d’elle, rien ne la ferait renoncer, au mépris de sa propre intelligence et de la sauvegarde des gens qui l’entourent. Son manque de scrupules est sidérant, et seuls ses sentiments naissants pour le héros, la font quelque peu hésiter, mais si peu… Il est vrai que l’on peut reprocher à l’auteur de ne pas s’être attachée à son héroïne privilégiant le côté sarcastique de son regard critique d’où un manque de sensibilité certain.

Quant à Joe Franconi, on a devant nous le prototype du héros pur et dur, machiste, qui ne veut pas s’engager, trop occupé à panser ses plaies dans cette retraite dorée qui s’est présentée à lui, après avoir été grièvement blessé, aussi bien physiquement que moralement. S’il est nettement plus attachant que Nicole, son côté particulièrement obtus, et son refus de voir la réalité en face (on retrouve souvent ces tendances chez les héros imaginés par Karen Robards) font qu’il provoque chez le lecteur l’envie de le secouer.

Mais le second degré apparaît tellement vite, qu’il devient évident que l’auteur provoque volontairement le lecteur en faisant assumer à ses deux personnages principaux, une certaine amoralité galopante (la dernière page en est l’apogée). Au lieu d’une introspection qui leur ferait soudain ouvrir les yeux sur leurs défauts, ils semblent absorber les excès de l’autre, le résultat est franchement amusant. S’il est vrai qu’ils passent un peu trop de temps en reproches incessants et répétitifs (oui, Nicole ne souhaite pas se mettre à l’abri !) les deux héros forment un couple charismatique : caractères forts et coléreux, envolées explosives, dialogues cinglants et amusants, scènes légèrement sensuelles mais soft, avec un côté tout public bien affiché.

On ajoute à cela les personnages secondaires qui, comme toujours dans les romans de Karen Robards, sont excentriques ou consternants à souhait. La palme revient à Cléo, le cochon, qui traverse l’intrigue avec brio, ou encore les fantômes, qui comme l’écrit l’auteur elle-même avec un certain cynisme, sont un thème à la mode. Tout cela est ludique et plaisant, mais repose avant tout sur une intrigue bien réfléchie et solide, aux multiples rebondissements, dont certains vraiment surprenants. Si l’auteur aime s’amuser avec les clichés de la romance, elle semble prendre l’aspect thriller au sérieux, ce qui enrichit considérablement le récit. Toutefois, il faut regretter un final un peu trop expédié pour ne pas écrire bâclé.

En conclusion, Karen Robards connaît les recettes pour réussir ses romans de suspense, et visiblement, elle adore jouer avec les clichés que l’on trouve souvent dans ce style de romans. Si vous avez envie de vous plonger dans un divertissement léger, mais captivant, vous trouverez ici votre bonheur.

Avis de Francesca

Karen Robards est un auteur réputé et récurrent dans la collection J’ai Lu pour elle. Elle est notamment spécialisée dans les histoires dans lesquelles le suspense est haletant et l’intrigue consistante et intéressante. Ce livre n’échappe pas à cette règle avec une enquête policière menée tambour battant, des rebondissements à la pelle et une trame surnaturelle qui plane de façon continue sur l’histoire.

Nicky est une femme qui s’efforce d’être rationnelle et qui a besoin d’ordre dans sa vie, après avoir vécu une enfance chaotique auprès d’une mère voyante qui s’est mariée 3 ou 4 fois. Elle s’est construite une vie rangée et calme autour de son métier de journaliste qui la passionne. Elle compte faire avancer sa carrière et monter en grade avec son émission rapidement et coûte que coûte. Toutefois, elle croit et accepte les visions de sa mère, même si ce don ne se manifeste pas chez elle.

Joe était un policier arrogant et sûr de lui jusqu’à ce qu’une de ses missions n’échoue et ne lui change la vie pour toujours. Blessé par balle, il commence à voir des apparitions d’un homme mort mais ne sait pas si c’est un véritable fantôme ou si ce sont simplement des hallucinations conséquemment au traumatisme de son accident. Après avoir travaillé à la brigade des mœurs dans les ghettos du New Jersey, il a choisi de se faire muter dans une bourgade paisible et d’avoir une autre vie. Avec l’agitation causée par l’émission et le meurtre, il ressent à nouveau des sensations familières et retrouve sa personnalité. Son désir envers Nicky l’effraie car il ne veut pas s’attacher à personne de peur de perdre la personne, mais le fait revivre en même temps.

Leur relation est empreinte de passion et de sensualité et est pimentée par des piques à l’humour ironique et caustique qu’ils se lancent à la figure pour le simple plaisir de voir l’autre enrager. Le cocktail est donc explosif et on ne s’ennuie pas une seule seconde à les voir jouer au jeu du chat et de la souris dans lequel chacun joue les 2 rôles alternativement.

L’atmosphère fantastique n’est pas sombre ou inquiétante et n’est pas destinée à effrayer le lecteur, mais est traitée de façon légère afin de le distraire. La famille de Nicky est excentrique à souhait avec une mère extravertie qui perçoit les esprits des morts, une sœur enceinte jusqu’aux yeux et déprimée à cause de sa séparation d’avec son mari, et ses deux oncles homosexuels. L’intervention d’un animal est presque une tradition chez l’auteur et rehausse le comique de la situation. Au lieu d’un petit chien capricieux, nous avons le droit cette fois-ci à une truie noire terriblement gâtée par son propriétaire. Certaines questions qu’on pourrait se poser ne sont pas résolues à la fin, ce qui pourrait frustrer le lecteur avide de détails et d’explications logiques. Cependant, ce livre permet de passer un excellent moment avec ces personnages haut en couleur.

Fiche technique :

– Format : poche
– Pages : 504
– Editeur : J’ai Lu
– Collection : Suspense
– Sortie : 2 avril 2007
– Prix : 7,90€