Qui a tué Arlozoroff – Avis +

Présentation de l’éditeur

Qui se souvient que Magda Goebbels – qui se suicida en mai 1945 dans le bunker d’Hitler après avoir empoisonné ses six enfants – avait été, vingt ans plus tôt, l’ardente maîtresse du dirigeant sioniste Haïm Arlozoroff ?

Y aurait-il un lien entre cette liaison improbable et l’assassinat, le 16 juin 1933, sur une plage de Tel-Aviv, de cet homme qui, s’il avait vécu, aurait peut-être été le premier président de l’Etat hébreu ? Tels sont les mystères que ce roman, librement inspiré de personnages qui ont bouleversé leur temps sans épargner le nôtre, tente d’élucider.

De la haute finance allemande aux premières implantations juives de Palestine, du nazisme au sionisme, de la Shoah aux guerres actuelles du Proche-Orient, de l’amour à la haine, Qui a tué Arlozoroff ? retrace, au fil d’un écheveau fascinant, des destins que seule une Histoire tragique sut rassembler. Mais ce roman raconte surtout le parcours échevelé d’une femme qui, par la force de son tempérament diabolique, sut se frayer un chemin entre l’ambition et la folie.

Entre la passion et le Mal.

Avis d’Enora

L’ethnopsychiatre, Tobie Nathan, nous livre ici un roman palpitant (on y retrouve la griffe de l’écrivain de polars) qui mêle fiction, politique, psychologie et histoire.

Haim Arlozoroff est né d’une famille ukrainienne, qui fuyant les pogroms et la famine, se réfugie en 1905 à Berlin. Génie intellectuel, poète, sa pensée s’inscrit dans la lignée du marxisme ; profondément marqué par son judaïsme, il s’engage dans le sionisme d’extrême-gauche et sera un des militants les plus brillants et les plus charismatiques du Mapai. Il fut assassiné le 16 juin 1933 sur une plage de Tel Aviv ; sa mort qui fut attribuée à l’extrême-droite mais reste un mystère non résolu, influa sur le destin politique d’Israël.

Lorsque les meurtriers se retrouvent en face d’Arlozoroff, ils lui firent confirmer son identité puis lui demandèrent l’heure en mauvais hébreu, juste avant de lui tirer deux balles dans l’abdomen. Partant de là, Tobie Nathan imagine toute une histoire autour de la montre, ce qui lui permet de donner d’autres pistes à cet assassinat en mettant en scène une probable relation amoureuse entre le dirigeant sioniste et Magda Goebbels.

Ce qui est sûr, c’est que Magda et la famille d’Arlozoroff habitaient le même quartier. Sa sœur Lisa et Magda étaient dans le même lycée et se fréquentaient. Sachant que Magda, fille naturelle, adoptée par le mari juif de sa mère, dans ses jeunes années a adhéré aux aspirations sionistes, Tobie Nathan pense que la rencontre amoureuse entre Arlozoroff et Magda fut plus que probable ; d’ailleurs le bruit en avait couru en Allemagne quand la jeune femme avait épousé Goebbels. Mais personne n’avait intérêt à l’époque, à révéler cette histoire, ni le Mapai, ni le parti Nazi qui a fait de Magda une des égéries allemandes.

A partir de cette hypothèse, Tobie Nathan construit une sorte d’énigme policière menée par un journaliste à notre époque, ce qui permet une sorte de va et vient entre l’Israël contemporain et l’histoire, dans cette ville de toutes les libertés de pensées qu’est Tel Aviv et qui n’est pas sans rappeler la Berlin des années vingt.

Qui a tué Arlozoroff, est un roman haletant, merveilleusement documenté, qui nous entraine des origines de l’état Hébreu à l’époque actuelle, dans une fiction qui se révélera peut-être un jour réalité…. Qui sait ?

A lire absolument !

Fiche technique

Format : broché
Pages: 424
Editeur : Grasset
Sortie : mai 2010
Prix : 20,90 €