Baiser d’adieu – Avis +

Présentation de l’éditeur

À Edimbourg, lorsqu’on a besoin d’emprunter de l’argent, on va trouver Cooper. Et si on ne rembourse pas à temps, on reçoit la visite de Joe Hope et de sa batte de base-ball. Mais maintenant, c’est au tour de Joe d’avoir des problèmes : sa fille adolescente a été retrouvée morte. Un suicide, à première vue, mais il a ses doutes sur la question. Puis sa femme alcoolique est assassinée.

Et il est arrêté pour meurtre. Seulement, pour une fois, Joe est innocent, et apparemment la victime d’un coup monté. Aidé par un avocat commis d’office mais généreux, et de quelques camarades qui comptent parmi les vrais durs de durs du pays – dont une prostituée au grand cœur – Joe va essayer de découvrir qui l’a mis dans ce mauvais pas, et de se faire justice. À sa manière.

Avis de Marnie

Baiser d’adieu fait partie d’une collection british de thrillers noirs, façon années 50, comme vous pouvez le constater en regardant la couverture originale. Alors ne pensez surtout pas retrouver un crime « moderne », intervention de zonards ou émeutes de banlieues. Si vous avez adoré des films comme Snatch, imaginez le héros, et donc l’acteur Jason Statham projeté dans une descente aux enfers, aussi captivante que tragique, le tout sur un mode continuellement désespérément cynique qui ravira tout amateur de romans noirs.

Le seul petit bémol, c’est que nous comprenons qui est le méchant, le pourquoi et le comment sans qu’il n’y ait pas l’ombre d’une once de suspense question « thriller ». Mais honnêtement, nous nous en moquons complètement, tant le récit écrit comme une urgence violente, agressive, au dixième degré, et un sens épatant de la dérision, bluffe le lecteur. Si les dialogues sont brillants, drôles, font mouche à chaque fois, et ajoutent au rythme plus que soutenu du texte, ce sont les caractères qui nous impressionnent le plus.

Ainsi, le récit est focalisé sur Joe, notre héros, et sur ses sentiments. Rapidement, nous nous faisons notre idée de sa personnalité, de ses motivations et surtout de ses qualités et défauts. Or, au fur et à mesure que certains éléments seront dévoilés, ce caractère sera subtilement et très intelligemment modifié pour acquérir des nuances, de la profondeur et une vraie dimension tragique qui touchera le lecteur, ce qui semble être la marque de fabrique d’Allan Guthrie, vu qu’il a fait exactement la même chose dans son précédent et excellent roman Fifty-Fifty.

Cependant, l’auteur poursuit dans cette voie en décrivant les personnages secondaires qui vont aider bien volontiers, ou… malgré eux, Joe. Ainsi, Tina, la prostituée semble être une très classique « pute au grand coeur », mais montrera des facettes inattendues et affinées de son caractère. Je vous laisse le plaisir de faire la connaissance de l’avocat commis d’office, grande surprise et personnage passionnant s’il en est, alors que le méchant reste somme toute une figure classique, avec heureusement une vraie épaisseur.

Roman écrit avec passion, avec envie, une écriture nerveuse comme une loghorrée étincelante… nous avons l’impression qu’Allan Guthrie s’est identifié à son héros, quand Joe, suicidaire, lance une énième plaisanterie grinçante au risque de prendre une raclée. Un peu trop ? Un peu too much ? Non, un exercice de style jubilatoire !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 351
Editeur : Le Masque
Collection : Grands Formats
Sortie : 15 septembre 2010
Prix : 19 €