Pourquoi aimer ou non Barak Obama ?

Il ne suffit pas d’être noir, métis ou d’une quelconque minorité visible pour n’avoir que des qualités !

En France, des sondages nous disent qu’Obama aurait le soutien de 82% des Français. C’est une bonne nouvelle pour notre pays, un progrès considérable pour ceux qui attendent encore d’être des citoyens tout court. Mais ne nous trompons, l’Amérique, c’est loin de chez nous, ce n’est pas chez nous et leur Président ne sera pas le nôtre. Dans les 82 %, voilà une bonne occasion pour un grand nombre, de se donner bonne conscience, de se convaincre de non-racisme, de tolérance, d’ouverture d’esprit, d’être in en entrant enfin dans le 21e siècle. Et de se dire : « Comment ? Moi raciste ? Jamais ! Je soutiens bien Obama, j’ai fait la fête pour Obama, je fais partie des fans clubs d’Obama, j’ai même mis sa photo sur mon blog, etc.

C’est gratuit, ça ne mange pas de pain et ça n’engage à rien.

Ce qui manque dans tout cela c’est le fond. Oui, au fond pourquoi tous ces Français soutiennent Obama et moi avec ? Que savons-nous au juste de ce grand pays qu’on admire et qu’on déteste en même temps ? Pas grand-chose ne ressort dans les conversations si ce n’est qu’Obama incarne le changement, la révolution des esprits, un pas de géant pour tous d’abord parce qu’il est noir, ou plutôt métis et qu’il a gagné le droit d’être candidat jusqu’ici car il n’est pas encore Président, rappelons le.

Du côté de la banlieue, c’est le même engouement mais pas tout à fait pour les mêmes raisons, même si dans les 82 % bien sûr, sont comptés tous les Français ; banlieue comprise évidemment.

En banlieue, chez les jeunes, en particulier mais pas seulement, la ferveur du soutien se puise d’abord dans la ressemblance ; Obama est noir, c’est suffisant ; zéro défaut. Pas de réflexion, pas de tri, pas de fouille, pas de détail. Comme si tous ceux qui se plaignent sans cesse d’être discriminés sont incapables de regarder ou d’apprécier l’autre simplement pour ce qu’il est, pour ses actes, ses engagements et en dernier d’où il vient. Ce qu’ils reprochent aux autres, c’est-à-dire la stigmatisation de prime abord, beaucoup l’appliquent eux aussi à d’autres qui ne leur « ressembleraient pas ». Je veux dire par là, l’autre qui serait qualifié de bourge, de cadre, de trop blanc etc. En fait, l’entre soi est plus fort que tout et règne partout.

Il nous faut apprendre de part et d’autre à porter des lunettes qui voient l’Autre comme une personne et non comme une appartenance à une origine, une classe sociale ou je ne sais quoi encore. Et c’est de chaque côté qu’il faut faire l’effort car sinon le problème de la discrimination restera éternelle, insoluble et continuera de diviser les citoyens et par conséquent tout un pays.

Fille d’immigrés algériens, je n’éprouve pas de proximité particulière avec une autre fille d’immigrés simplement parce qu’un bout de son histoire ressemble à la mienne. Ma vie croise des tas de différences que j’apprécie et qui m’ont permise d’empêcher toute étiquette liée à mon origine d’être collée à ma personne. La posture que l’on adopte prédispose bien souvent de la manière dont l’Autre nous voit. Je me suis appliquée cela et ça marche plutôt bien !

Obama est noir et on s’en fout ! S’il avait été un démocrate blanc, issu de la grande bourgeoisie américaine, je l’aurai soutenu tout autant.

En France, ne fabriquons pas un symbole mais laissons émerger par le talent, les convictions, l’intelligence et l’intérêt pour notre pays, un ou une citoyenne que nous serons, je l’espère, 82 % à soutenir. Et s’il ou elle est noir(e), arabe, issu(e) des immigrations successives, homos etc.… ça ne changera rien ; seules ses qualités pour présider primeront.

Zohra Bitan, conseillère municipale à Thiais créatrice du site ma6tvachanger.fr