Présentation de l’éditeur
En cette fin d’été indien, la police criminelle suédoise de Göteborg est appelée sur une scène de crime où une certaine Paula Ney a été retrouvée pendue dans la chambre numéro 10 de l’hôtel « Revy ». La thèse du suicide ne convainc guère le commissaire Winter qui est déjà venu sur les lieux, dix-huit ans auparavant, lors de la disparition non résolue d’une autre jeune femme.
Persuadé d’être autrefois passé à côté d’un indice capital, cette nouvelle enquête est l’occasion pour lui de rétablir la vérité. À quelques semaines d’un congé sabbatique bien mérité, Erik Winter devra compter autant sur son équipe que sur ses souvenirs pour déterrer d’impensables secrets de famille et mettre fin à une série de meurtres plus horribles les uns que les autres.
Avis de Domino
Disons-le tout net : le dernier opus d’Ake Edwardson, Chambre numéro 10 (Rum 10), n’est ni le meilleur de la saga du commissaire Winter, et encore moins le meilleur exemple d’une école suédoise qui occupe depuis quelques années une belle place sur la scène française du polar.
Dans les années soixante, au temps d’une économie occidentale en plein essor, les précurseurs Maj Sjöwall et Per Whalöo procédaient à une critique acerbe de l’image idyllique du modèle nordique et montraient une réalité sociale parfois bien éloignée. Loin du tou action ou du tout scientifique des thrillers d’aujourd’hui, l’inspecteur Martin Beck laboure le terrain sociologique entre présent qui pleure et lendemains qui chantent. Et le lecteur s’attache à un homme qui croit encore en l’homme et ne renonce jamais à sa mission de policier face à la société, quitte à y sacrifier sa famille.
Une génération plus tard, la crise est passée par là. Le modèle social a de moins en moins les moyens d’assumer ses aspirations généreuses et les héros de polar sont fatigués. C’est dans ce contexte que s’affrontent les nouveaux maîtres du genre, Henning Mankell et Ake Edwardson. Le héros de Mankell, Kurt Wallander, est à l’image de l’école anglaise (Morse, Rebus et consorts), un flic irascible, désabusé et solitaire, alors qu’Eric Winter, né de l’imagination d’Edwardson, est plus jeune, plus séduisant et plus dans la norme. Ils sont souvent plus policiers par occasion que par vocation (même si la fille de Wallander suit les traces de son père) mais suscitent la sympathie par leur humanisme et leur implication professionnelle.
Chambre numéro 10 s’inscrit dans cette solide tradition et bénéficie d’une intrigue plutôt intéressante entremêlant, sur fond d’adultère, un meurtre qui vient d’être découvert et une affaire non résolue vieille de dix-huit ans. Malheureusement, le style est plus haché que nerveux et le récit tellement déstructuré que l’on a parfois du mal à situer l’époque où on se trouve et les protagonistes dont il s’agit. Difficile de ne pas saturer après plus de cinq cents pages. Et surtout, l’auteur donne l’impression déroutante de vouloir liquider son héros : Eric Winter en a marre des frimas scandinaves et de l’humanité glauque qu’il côtoie dans son travail. Sa compagne s’est trouvé une pige lucrative dans une clinique en Andalousie et il a moins la tête à son enquête qu’organiser un congé de six mois pour la rejoindre.
Alors, y aura-t-il retour d’un Eric Winter bien bronzé ?
Fiche Technique
Format : poche
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 16 octobre 2008
Prix : 8,60 €