Le cadavre rieur – Avis +

Résumé

Anita Black est nécromancienne. Elle communique avec les morts et en relève certains (devenant alors des zombies) dans le cadre de son boulot. Elle est, de plus, l’exécutrice. Mandatée par la justice de son état, elle tue les vampires s’étant écartés du droit chemin et donc condamnés à mort (par pieutage, étêtage, et napalmage) par la justice de son pays.

Après s’être sortie d’une situation inextricable dans le premier opus de la série, elle continue son boulot de nuit et aide quelques fois la Police lorsque le surnaturel est une donnée de l’équation. Après avoir refusé de pratiquer un sacrifice humain pouvant servir à relever un mort de plus de 300 ans, elle est embarquée dans une histoire bien glauque tout en devant aider les forces de l’ordre dans la résolution d’une enquête horrible.

Avis de Marnie

Si je n’avais pas été fortement poussée, après avoir lu le premier roman paru en France des aventures de Anita Blake, Plaisirs coupables, jamais je n’aurais persévéré. Honnêtement, je me suis demandée ce qui pouvait bien plaire chez cette héroïne. A part, tuer tous les monstres possibles, des vampires en passant par des hommes rats, cela manquait singulièrement de consistance et d’intérêt. Ne restait que l’atmosphère, mais c’était bien peu…

Or, dès les premières lignes, nous sommes happés aussi bien par l’intrigue, le contexte, l’atmosphère, les personnages, mêlés de questions existentielles qui enrichissent le récit. C’est une vraie réussite ! Anita Blake utilise l’humour comme une arme, et les armes elle connaît.

Les réparties sont brillantes, les dialogues incisifs, sarcastiques, et soudain l’émotion est au rendez-vous avec une phrase comme celle-ci : «Ses yeux me rappelaient un verre rempli à ras bord, et dont le contenu ne demanderait qu’à se répandre.» Le sommet du genre est atteint avec une scène où pour ne pas être traumatisés par un crime particulièrement horrible, un policier et Anita tentent de trouver un dérivatif… L’émotion et l’humour noir se confrontent alors pour mieux intégrer l’inacceptable. C’est parfaitement maîtrisé.

Si j’avais trouvé Anita Blake sans consistance, ici, l’auteur lui offre ce qui lui manquait : de la réflexion, des nuances avec des qualités et des défauts et des tentations. On nous livre quelques bribes de son passé qui éclairent son caractère de manière significative. Si l’argent n’a pour elle aucune importance, le pouvoir l’attire de manière irrésistible. Elle a peur de son don et d’être dominé par lui. L’ambiguité qui s’annonce ne peut être que passionnante et on attend avec impatience dans les prochaines aventures, si la situation va évoluer…

Les personnages qui traversent le roman ont tous de l’épaisseur. Inquiétants, compassionnels, ironiques, doux et durs à la fois, ennemis ou amis, on ne peut qu’être touchés par eux, que ce soit Jean-Claude, le chef des vampires de Saint-Louis, second rôle récurrent, qui prend une dimension plus complexe, où humour et souffrance intérieure s’affrontent. Mais, il y a aussi le flic intègre Dolph, professionnel et amical à la fois, un de ses inspecteurs Zerbrowski qui cache sous une enveloppe provoquante et hargneuse, une sensibilité qu’il essaye de dominer et une bonne dizaine d’autres qui sont décrits avec des commentaires lapidaires et incisifs. Les méchants ont une vraie puissance dramatique.

Bien moins granguignolesque que le premier tome, l’intrigue ici est, certes, plus classique, et moins spectaculaire, mais également plus intense. Les zombies voisinent avec les hommes de main patibulaires, les pratiques vaudou et les vampires plus ou moins violents et manipulateurs.

Cette atmosphère stylisée très nuit jazzie, dans une atmosphère raffinée sud “français” des Etats-Unis, baignée dans les sacrifices vaudous, alors que l’administration américaine n’hésite pas à intégrer officiellement les vampires, et autres monstres, ce qui donne un vrai univers à ce roman fantastique. La sauce prend au premier degré, au second également et c’est le grand talent de Lauren K. Hamilton de créer un monde original et très particulier en rendant tout cela passionnant et enthousiasmant.

Donc, je suis totalement sous le charme de Anita Blake… A quand ses prochaines aventures ?

Avis de Valérie

Quelle bonne surprise. Après un premier roman plutôt moyen, bien que prometteur, Laurell K Hamilton nous offre un vrai bon polar, bien écrit et dont l’intrigue se tient.

En effet, la trame policière est correctement construite (l’une des choses qui pêchait le plus dans Plaisirs coupables, et la progression des personnages bien que caricaturaux (nous sommes tout de même dans un polar) est homogène.

Anita Blake serait parfaite si elle ne se la jouait pas un peu à la manière des détectives privés des années 60, désabusée et incorruptible. Mais c’est également ce qui fait son charme et qui rend la lecture du roman totalement festive. Les nostalgiques des Carter Brown ou autres auteurs du Masque y trouveront leur compte, le sexe en moins mais le fantastique en plus. A l’instar des privés qui ont fait la réputation de l’éditeur, la jeune femme nous fait part de ses réflexions sur un ton désabusé, narquois. La narration est donc à la première personne, et c’est par les yeux d’Anita que l’on avance sous le soleil implacable de la ville de Saint-Louis

On plonge ici de plus en plus dans le Vaudou et d’ailleurs, on apprend beaucoup de choses sur les pouvoirs de la jeune femme. La fin du récit nous laisse avec le goût amer de la perte d’innocence. Bien que peu présent, le vampire français, Jean-Claude, marque l’histoire de son empreinte troublant fortement notre jeune héroïne.

Totalement recommandé, ce roman peut de plus se lire sans avoir eu le premier entre les mains. Il est par contre totalement épuisé chez Fleuve Noir, on trouve quelques stocks ici est là (notamment sur Amazon.fr) ou alors chez les vendeurs particuliers de livres d’occasion.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 350
Editeur : Fleuve Noir
Collection : Thriller fantastique
Sortie : 4 novembre 2002
Prix : 6,30 €