La liaison scandaleuse – Avis +

Résumé de l’éditeur

A la fin du siècle dernier, dans une petite ville de l’Oklahoma, un rien suffit à vous faire passer pour une femme de mauvaise vie ! Cora Briggs en sait quelque chose : abandonnée il y a quelques années par son mari, elle est depuis victime de la suspicion générale. Les femmes la détestent, les hommes la désirent ! Et Jed Sparrow est bien la dernière personne qu’elle s’attend à voir sur le pas de sa porte ! Gentleman respectable, apprécié de tous, que peut-il bien venir chercher chez elle ? Quelle naïveté ! Que demande-t-on donc à une divorcée ? Un petit moment de  » réconfort « , bien sûr ! Mais cette fois-ci, la coupe est pleine. Cora décide de se venger. En faisant à Jed Sparrow une proposition très spéciale…

Avis de Marnie

Il est intéressant de parler de ce style de romans que l’on pouvait lire dans les années 1990 et qui ont pour ainsi dire totalement disparu de nos librairies : la romance historique mettant en scène Monsieur et Madame tout le monde. Pamela Morsi était un des écrivains les plus talentueux du genre. Sa série mettant en scène les habitants d’une bourgade perdue au fins fonds de l’Oklahoma dans les années 1890, Dead Dog est un véritable exemple de ce que nous n’avons plus l’occasion de lire aujourd’hui.

La liaison scandaleuse nous raconte l’histoire de Cora Briggs, vingt-neuf ans, femme jolie et plantureuse, mise au ban de la société, car divorcée, et qui survit tant bien que mal en butte aux malveillances et aux rumeurs lancées par ses concitoyens. Lorsque le roman débute, un jeune homme, Jed Sparrow, seulement âgé de vingt-quatre ans, directeur des pompes funèbres du coin, vivant sous l’emprise de sa mère acariâtre et franchement abusive, et qui souhaite se prouver qu’il est un homme, vient lui faire une proposition tout ce qu’il y a de malhonnête en attendant de pouvoir se marier avec une jeune fille bien comme il faut.

Raconté comme cela, ce n’est pas franchement très attrayant, avouons-le. On est très loin du mâle richissime qui nous envahit depuis quelques années. Jed est hésitant, d’une maladresse plus que touchante, et surtout d’une honnêteté à toute épreuve ce qui le rend très vite désarmant. Le contraste entre Cora, courageuse, fière et pleine d’aplomb, qui s’assume en étant devenue adulte, façonnée par les épreuves et cet encore adolescent qui n’est pas sorti des jupes de sa mère, pourrait ruiner le roman. Or, il n’en est rien. L’évolution des sentiments des deux héros est extrêmement bien amenée. Derrière la présence très forte de Cora, se cache une petite fille malheureuse et qui a subi plus d’épreuves que beaucoup en toute une vie, et si les premières scènes nous montrent un Jed bafouillant et attendrissant, lorsqu’il commence à prendre en main sa vie, il va mûrir à la vitesse grand V. On comprend vite que c’est par bon cœur qu’il laisse tout le monde prendre des décisions pour lui, pour ne pas peiner ses proches et non par faiblesse. A partir du moment ou son bonheur sera en jeu, son autorité naturelle va ressortir.

Se succèdent beaucoup de scènes drôles et touchantes, comme la fois ou Cora et Jed entament leur liaison et qu’il se produit alors des conséquences que l’on ne voit pour ainsi dire jamais dans les romances, ou encore quand la jeune femme pour le protéger provoque une situation ou elle n’a pas le beau rôle, alors que Jed, avec un sang-froid étonnant et un vrai sens du réalisme, reste imperturbable et réfléchi, ne sautant pas tout de suite aux conclusions auxquelles on s’attendait… Les personnages secondaires sont passionnants, notamment Amélie Sparrow, la mère revêche et arrogante de Jed, et ses relations houleuses avec Haywood Puser, l’embaumeur de l’entreprise de pompes funèbres. Apparaît également l’héroïne du roman suivant, Tulsa May, alors âgée de quatorze ans, une adolescente déconcertante, intelligente et qui se sait laide, malheureuse mais pragmatique, totalement incomprise par ses proches et œuvrant pour son bonheur futur avec une sagacité désarmante.

Pamela Morsi nous parle ainsi de petites gens… plus gais et moins profonds que ceux de Lavyrle Spencer, ses romans dénoncent l’intolérance religieuse, l’hypocrisie de ces petites villes renfermées sur elles-mêmes, la méfiance quelque fois imbécile envers le progrès, la place alors des femmes dans la société ou la perte d’une certaine respectabilité les faisant impitoyablement tomber dans la misère. Une très jolie histoire dépaysante et surtout fraîche et pleine d’humour, idéale pour un après-midi triste et pluvieux !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai Lu
Collection : Aventures et Passion
Sortie : 4 janvier 1999
Prix : épuisé, disponible sur les sites d’occasions