DVD : La Sagrada Familia – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Un week-end de Pâques au bord de la mer, dans la résidence secondaire d’une famille d’architectes. Le fils, inspiré par Gaudi, présente à ses parents sa petite amie.

Dès son arrivée, tous les équilibres deviennent précaires. Il émane d’elle une intensité érotique inquiétante. Tel un ange perturbateur, elle va semer le désordre et le trouble dans cette famille bourgeoise traditionnelle, pétrie de principes moraux et religieux, faisant exploser sa façade de respectabilité.

Un film en ligne directe avec Théorème de Pasolini.

Avis du Monolecte

Si vous préférez Luis Buñuel à Michael Bay, si vous pensez qu’un bon film se mérite plus qu’il ne se laisse voir, si l’intention du réalisateur prime sur le résultat, si la forme peut prendre le pas sur le fond, si vous trouvez plus de satisfaction dans un film intimiste que dans un bon gros blockbuster dopé à la testostérone, si vous êtes convaincus qu’un bon réalisateur est avant tout un entomologiste de l’humanité, alors La Sagrada Familia est définitivement un film pour vous.

Pour les autres, il va falloir se départir de l’idée un peu facile que le cinéma n’est qu’une grosse machine industrielle à vider la tête dont l’objectif final est de divertir un spectateur dont on attend surtout qu’il farfouille une bassine de pop-corn de la main droite, pendant que du coin de l’œil, il reluque le décolleté de sa petite copine du moment.

Car Sebastian Campos est un jeune réalisateur chilien exigeant dont l’ambition cinématographique plane très nettement au-dessus des basses considérations matérialistes des exploitants de salle, des éditeurs de DVD ou du simple téléspectateur lambda, mollement avachi au fond de son canapé.

Cadre tremblotant d’une caméra numérique qui pourrait être celle qui enregistre vos souvenirs de vacances, longs silences contemplatifs, dialogues dont l’apparente banalité dessine les relations nouées entre les personnages, l’objet filmique n’est guère avenant pour ceux qui sont habitués à la grammaire cinématographique hollywoodienne coupée au cordeau, avec ses plans bien léchés et divinement éclairés, ses montages stroboscopiques pour les incontournables scènes d’actions et les flous pseudo hamiltoniens qui nimbent de la lueur d’une chandelle flatteuse l’incontournable scène de cul de la 43e minute.

Bref, on a bien du mal à entrer dans l’intimité de cette famille chilienne bourgeoise, à trouver son habituel point d’ancrage et d’identification dans cette galerie de personnages qui oscillent entre névrose, superficialité, faux-semblants et crudité. Crudité et dépouillement du récit au service de la dissection des pulsions qui palpitent sous la chape bien lisse d’une religiosité dont on sent qu’elle empreigne profondément la société chilienne.

Pour ceux donc, que l’exploration des failles et des névroses humaines en format DV laisse plus froids que la graisse figée au fond de l’assiette d’un reste de gigot pascal, il va peut-être être assez difficile d’apprécier à sa juste valeur le travail artistique qui sous-tend l’œuvre de Sebastian Campos. Heureusement pour eux et pour les plus curieux, le DVD offre au milieu des bonus assez inutiles que peuvent être les bandes-annonces ou le clip vidéo du thème musical, une assez intéressante interview du jeune réalisateur, lequel fournit quelques clés bienvenues pour comprendre son œuvre et surtout sa démarche. On comprend alors mieux le sens du film, qui n’est pas à chercher spécifiquement dans le récit mais bien dans la manière dont le tournage a été pensé et vécu, soit 3 jours de prise de vue non stop avec des comédiens laissés en roue libre, sur la base d’un scénario sans dialogue de 12 pages.

Tout comme la fameuse cathédrale de Gaudi homonyme, la Sagrada Familia est avant tout une œuvre artistique collective, un film libre et non un film sur la liberté. Une œuvre rugueuse qui se mérite, qui demande un certaine dose d’abnégation pour arriver au bout, mais apporte sa pierre à la grammaire cinématographique mondiale.

À essayer, donc, l’esprit ouvert et la curiosité en bandoulière.

Fiche technique

Sortie du film : 24 janvier 2007
Sortie DVD : 28 avril 2008
Durée du film : 99 minutes
Durée totale : 135 minutes
Zone : toutes
Format : pal, 4/3
Audio : espagnol dolby stéréo
Sous-titres : français

Avec Nestor Cantillana, Sergio Hernandez, Coca Guazzini , etc.

Bonus

– Entretien avec le réalisateur
– 4 spots TV VO
– BA du film VOSTF
– Filmos
– Catalogue éditeurs BA