Kaboul Disco 2 : Comment je ne suis pas devenu opiomane en Afghanistan – Avis +


– J’ai une devinette pour vous. Quel objet tout le monde a chez soi en Afghanistan ?
– Une kalachnikov ?
– Mais non ! un objet de la vie de tous les jours que même les enfants utilisent !
– Une kalashnikov !

Laissons les devinettes et partons pour un flash-back où un dessinateur de bande-dessinée profite de ses vacances à Strasbourg. La magnifique cathédrale de Strasbourg a été ravagée par les guerres de religion, les conflits armés, les bombardements américains ( en 1944 on ne parlait pas encore de dommage collatéral ) et menacée par un attentat Al-Qaida (authentique : décembre 2001).

Les vacances sont terminées. Aussi retour donc en Afghanistan avec ses conflits militaro-religieux, ses dommages collatéraux et les attentats d’Al-Qaïda. Après avoir héroïquement collaboré à l’illustration de la constitution afghane et de la publicité pour les élections. Il s’agit maintenant de mener une guerre contre la drogue. La base de réflexion est des plus simple : « L’opium c’est mal ». C’est sur ce principe que s’est basé un journaliste pour dénoncer la corruption. Comme il s’est fait abattre c’est donc aux vaillants illustrateurs de prendre le relais (précisons qu’il est impossible de démissionner).

L’équipe est toujours là y compris la très sympathique américaine qui affirme avoir grandement contribué à la victoire électorale de Georges Bush en Floride. Eh oui, elle est toujours là… toujours… Rien de grave, en fait si, elle se trouve dans une situation critique. L’heure de son meeting avec Condoleeza Rice approche et elle doit absolument se faire sécher les cheveux (et son sèche-cheveux menace de faire exploser le groupe électrogène).

Heureusement des renforts appréciables viennent d’arriver :

– Angèle : arme de séduction massive (helvético-philippine) gérant le débarquement de communication
– Félipé l’Argentin : il ne sait pas ce qu’il doit faire (il était bourré quant on l’a appelé)

Précisons que ce n’est pas la première tentative pour éradiquer la drogue d’Afghanistan. Autrefois l’ONU avait eu la brillante idée d’investir dans des villages qui renonçaient à la culture de l’opium. Aussitôt les bourgs voisins qui jusque là n’avaient jamais cultivé l’opium s’y étaient mis à leur tour pour recevoir également des aides de la communauté internationale. Ceci explique sans doute pourquoi l’opium constitue le seul produit d’exportation de l’Afghanistan.

Néanmoins, les illustrateurs poursuivent leur mission tout en fréquentant le peuple afghan extrêmement sympathique : « Nous vivons une époque troublée et peut-être que demain, dans d’autres circonstances, je n’aurai pas d’autre choix que de vous tuer.« . Pendant ce temps, en Europe, d’autres illustrateurs ont eu la brillante idée de caricaturer le prophète Mahomet dans un journal danois, ce qui n’arrange pas la coexistence en Afghanistan. Certes « il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark » mais en Afghanistan « une poignée d’irréductibles Gaulois semble se moquer de la paranoïa ambiante ». Ils ont raison. Car le problème ne viendra pas des caricatures danoises. En effet suite à un accident de la route provoqué par un char américain, suivi d’une bavure des soldats US, une grande partie de la population locale déclenche une manifestation qui se transforme vite en émeute. Les soldats américains ne constituent pas une cible. Mais par contre les civils occidentaux présents dans la ville si ! (dont les irréductibles Gaulois pré-cités). Ceux-ci continuent à travailler jusqu’à ce que le big boss surgisse sur le lieu de travail et prononce un mot incongru qui ressemble beaucoup à « évacuer ! ». D’où une fuite plus ou moins organisée dans le labyrinthe des rues afghanes. D’autant plus que les rues sont étroites et se resserrent sur la voiture dont les occupants se retrouvent coincés. Bon et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?

Ce second tome s’avère une synthèse assez réussie de description cocasse et de manuel de survie dans un contexte de guerre urbaine.

Fiche Technique

Editeur : La Boîte à bulles
Collection : Contre Coeur
Prix : 16 euros
Sortie : Octobre 2008
Inédit, 176 pages