Giscard d’Harlequin

Pour la deuxième fois, Valéry Giscard d’Estaing commet un « roman d’amour »… Bon, d’une part, il écrit ce qu’il veut ce brave homme, c’est tout à fait son droit, enfin, quand je dis qu’il écrit, il assume parfaitement le fait de se faire aider. Il avoue lui-même adorer faire parler de lui. Sa démarche est limpide, son rêve d’effectuer deux mandats s’est brisé lorsque son ennemi de toujours, Jacques Chirac lui a mis des bâtons dans les roues en 1981… Il aime jouer avec « ce qui aurait pu être »… et donc, connaissant les médias (depuis le temps !) il leur donne la matière qu’ils attendaient : une princesse mal mariée façon Sissi (ah non, jouons plus actuel donc lady Diana) et un président en exercice et l’on s’amuse avec : et s’ils avaient couché ensemble…

Bon c’est cousu de fil blanc, l’intention est évidente, et lors des interviews, notamment par un courtisan éhonté comme Franz-Olivier Giesbert qui lui sert la soupe en faisant semblant de l’égratigner au passage, voici gros comme une maison s’étendre une opération de marketing qui flirte avec le fantasme franchement ridicule d’un vieil homme ayant envie d’une revanche, son heure de gloire s’étant interrompue trop tôt à son goût. Donc, la publicité se fait autour de : est-ce qu’il a couché vraiment avec elle ? Et non, sur est-ce un bon roman ? Et puis, pendant ce temps, n’est-ce pas, on ne parle pas des choses qui fâchent !

Mais qu’importe ! Plusieurs petits détails ont commencé à me gêner… moi, lectrice de romance !

1) Les étiquettes, en France, comme chacun le sait, il n’est pas bon lorsque l’on est célèbre, de montrer une autre facette de l’image « connue », ou alors il faut soigneusement choisir son nouveau visage… si cet ancien président s’était reconverti à écrire des polars, du ton moqueur façon « pauvre vieux sénile » les médias seraient insensiblement passé à « qu’il est encore ingénieux le bougre », et « jolie reconversion » !

2) Pourquoi quand en 1995, un réalisateur comme Rob Reiner met en scène un film Le président et Miss Wade avec Michael Douglas et Annette Bening, ou encore en 1992 du talentueux Ivan Reitman qui lui réalise Président d’un jour avec Kevin Kline et Sigourney Weaver, par exemple, parle-t-on de « jolies » comédies romantiques ? N’y-a-t-il qu’au cinéma qu’on a droit de jouer avec l’image des grands de ce monde ?

3) N’ayant pas lu la prose de Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, je ne peux présumer de son talent ou non, mais pourquoi l’assimiler à Harlequin ? Bon d’accord, une histoire de prince arabe du désert paraît au mois d’octobre dans la collection de romantic suspenses Black Rose d’Harlequin (et donc là je suis tout à fait honnête) mais nous sommes très loin de la plupart des histoires qui sont depuis quelques années et actuellement traduites par cette maison d’édition. Bien évidemment, il s’agit encore de jouer avec les poncifs et clichés du genre, que les médias continuent encore et encore à reproduire.

Pourquoi l’image de la romance doit-elle encore en faire les frais ? Pourquoi un tel mépris vis à vis d’une histoire d’amour ? Et me voici en me relisant, constatant que sans le vouloir, je prends la défense d’un petit pépé qui avait l’air bien ridicule à la télévision et dont je ne lirai même pas le bouquin. C’est un comble ! Beaucoup de bruit de pour rien… ahhh, ça c’est aussi une romance, mais signée par Shakespeare, peut-être que c’est là que se joue la différence.