Anna Wintour, papesse de la mode

Anna Wintour est née à Londres, le 3 novembre 1945, au sein d’une famille victorienne pur jus, dont tous les membres ont un lien avec la presse ou le droit. A 14 ans, étudiante au North London Collegiate School, elle refuse l’uniforme, raccourcit sa jupe, et adopte sa parfaite coupe carrée. Déjà influencée par tout ce qui touche à la mode, elle décide d’arrêter ses études à 15 ans, pour suivre une formation chez Harrods, mais elle abandonne rapidement et s’aperçoit que la mode ne s’apprend pas…

A 16 ans, elle se lancera dans le journalisme, où elle affûtera ses armes en tant que rédactrice de mode, puis rédactrice en chef. Elle alternera les postes en Angleterre et aux États-Unis avant de se poser à New York, où elle deviendra la célébrissime rédactrice en chef du Vogue US, considéré comme la Bible de la mode.

Aucune décision en matière de mode ne se fait sans son avis, elle est devenue l’éminence grise de cette industrie. Toujours placée au premier rang des défilés des grands couturiers que ce soit à Paris, Londres, Milan ou New York, elle influe également dans le monde du prêt-à-porter en coachant de jeunes créateurs et par le biais d’une fondation qu’elle a créée.

Mondialement réputée pour ses découvertes des nouvelles tendances et son talent pour dénicher les jeunes créateurs de demain, sa froideur et son exigence lui ont valu le surnom de Nuclear Wintour.

En 1975, elle entre au Harper’s Bazaar – New York en tant que rédactrice de mode. Ses photographies innovantes font objet de nombreux conflits avec le rédacteur en chef.

En 1983, Alex Liberman, directeur d’édition du groupe Conde Naste (Vogue), la repère et lui offre le poste de directrice de création, poste créé spécialement pour elle, lui permettant de doubler son salaire, mais entraînant de nombreuses tensions avec les autres journalistes et responsables.

C’est en 1984 que Anna Wintour se marie avec David Shaffer, un pédo-psychiatre reconnu, qu’elle avait connu à Londres, dans sa jeunesse. Elle lui donnera deux enfants avant de divorcer.

En 1985, Anna Wintour prend la succession de Beatrice Miller la rédactrice du Vogue britannique et contribue à son évolution en axant le rédactionnel sur la tendance et la modernité. Comme à chaque fois, elle remanie son équipe et exerce davantage de contrôle sur le magazine que ses prédécesseurs. Les rédacteurs parlent alors de The Wintour of Our Discontent.

Tilberis la remplace lorsqu’elle prend la direction du magazine House & Garden à New York. En effet, ce dernier s’est laissé devancer par le magazine Architectural digest. Elle obtient carte blanche pour redresser la situation. Elle y introduit tellement de photos de mode que certains plaisantins renomment le magazine House & Garment (Maison & Vêtement au lieu de Maison & Jardin), ou encore Vanity Chair (en référence au magazine Vanity Fair) en raison des nombreux sujets des célébrités.

Puis, le groupe Condé Nast transfère Anna Wintour à un poste qu’elle attendait depuis longtemps : la direction de Vogue US. Du temps de Grace Mirabella, le magazine était davantage centré sur le style de vie que sur la mode.

Anna Wintour débute sa journée à 6h00 du matin, se lève, joue au tennis, se coiffe et se maquille, et c’est à 8h00 qu’elle rejoint ses bureaux, toujours ponctuelle. Cette femme qui ne vit que dans l’action, ne perd jamais une minute de son temps et profite des moments d’attente pour téléphoner, avancer sur des dossiers. Elle dit d’ailleurs que ses meilleures idées sont venues lors des interminables attentes lors des défilés.

Son efficacité se vérifie tout au long de la journée, sans aucune baisse de régime et toujours dans l’optique de ne perdre aucune seconde, elle ne reste jamais plus de 20 minutes à la fois aux fêtes auxquelles elle est conviée. Et chaque soir, elle se couche à 22h15 précises.

A force de maîtrise, elle s’est rendue indispensable à l’industrie de la mode, mais son style, son ingéniosité dans la mise en page des rédactionnels mode, sa vision globale du magazine l’ont rendue légendaire.