The Happy prince – Avis +

Présentation officielle

À la fin du XIXe siècle, le dandy et écrivain de génie Oscar Wilde, intelligent et scandaleux brille au sein de la société londonienne. Son homosexualité est toutefois trop affichée pour son époque et il est envoyé en prison. Ruiné et malade lorsqu’il en sort, il part s’exiler à Paris. Dans sa chambre d’hôtel miteuse, au soir de sa vie, les souvenirs l’envahissent…

Est-ce bien lui celui qui, un jour, a été l’homme le plus célèbre de Londres ? L’artiste conspué par une société qui autrefois l’adulait ? L’amant qui, confronté à la mort, repense à sa tentative avortée de renouer avec sa femme Constance, à son histoire d’amour tourmentée avec Lord Alfred Douglas et à Robbie Ross, ami dévoué et généreux, qui a tenté en vain de le protéger contre ses pires excès ?

De Dieppe à Naples, en passant par Paris, Oscar n’est plus qu’un vagabond désargenté, passant son temps à fuir. Il est néanmoins vénéré par une bande étrange de marginaux et de gamins des rues qu’il fascine avec ses récits poétiques. Car son esprit est toujours aussi vif et acéré. Il conservera d’ailleurs son charme et son humour jusqu’à la fin : « Soit c’est le papier peint qui disparaît, soit c’est moi… »

Avis de Claire

Grandeur et décadence. De la gloire des scènes londoniennes jusqu’au bouge parisien le plus infâme, il n’y a qu’un pas. Du moins quand on a le destin d’Oscar Wilde. Le grand, le flamboyant, l’impertinent Oscar Wilde. De sa vie, il n’a jamais concédé, jamais transigé, jamais cédé, même lorsqu’il avait tout perdu.

Pour sa première réalisation, Rupert Everett choisit de le saisir dans son déclin, allers et retours entre passé et présent permettent de comprendre l’ampleur de la perte, la tragédie du désastre. Après son procès où il est condamné pour homosexualité, Oscar Wilde n’a plus rien. Emprisonné pendant deux ans en Grande-Bretagne, dans l’épouvantable prison de Reading, d’où naîtra dans la douleur la longue complainte De Profundis, l’écrivain en exil ne reverra jamais ses fils chéris, et sa femme Constance, aimée, envers et contre tout.

Superbe dans le pathétique, Rupert Everett livre une composition saisissante d’un Oscar Wilde diminué, avili, détruit. A ses côtés, Colin Firth (il est aussi producteur associé) et Edwin Thomas campent admirablement ses deux meilleurs amis, restés à ses côtés jusqu’à la fin. La surprise vient de Colin Morgan (vu dans Merlin), méconnaissable en ange de la mort, par qui le malheur arrive. On apprécie aussi de retrouver la gouailleuse Béatrice Dalle en tenancière au grand coeur.

Validé par Merlin Holland, le petit-fils d’Oscar Wilde, ce biopic rend un hommage sans trémolos ni pathos à un grand homme, mort à Paris dans le dénuement le 30 novembre 1900, à l’âge de 46 ans. On apprend avec stupeur à la fin du film que l’écrivain, et de nombreux homosexuels emprisonnés injustement, n’ont été réhabilités qu’en 2017.

Fiche technique

Sortie : 18 décembre 2018
Durée : 105 minutes
Avec : Rupert Everett, Colin Firth, Emily Watson, Colin Morgan, Béatrice Dalle, Edwin Thomas
Genre : biopic