Sanditon – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

D’abord heureuse de contempler le spectacle tranquille de la plage et du front de mer depuis la vaste fenêtre de sa chambre, Charlotte Heywood ne tarde pas à deviner les nombreux scandales dissimulés sous cet abord serein, tout en se laissant séduire par le charme romantique de la vie au bord de la mer et par ces résidents hauts en couleur.

Sanditon est-il réellement le petit paradis annoncé et Charlotte y trouvera-t-elle le bonheur ?

Avis de Claire

Nous ne saurons jamais ce que Jane Austen aurait pu imaginer pour la suite de ce roman. Resté inachevé, il avait déjà été repris « par une autre dame » [[Selon les éditions, cette « autre dame » est Mary Dobbs ou Anne Telscombe, qui ne sont qu’une seule et même personne]] dans une version actuellement disponible au Livre de Poche. Mais il existe au moins une demi-douzaine de suites publiées en anglais. La littérature autour de l’oeuvre de Jane Austen semble décidément inépuisable.

Comme l’explique l’universitaire Jean-Paul Pichardie dans le tome 2 des Oeuvres complètes de la Pléiade, le manuscrit de ce presque-roman de 11 chapitres (dont l’original est à la bibliothèque de King’s College à Cambridge) a été publié pour la première fois, en fac-similé, en 1975.

Le titre actuel n’est pas le fait de Jane Austen, puisqu’elle comptait apparemment l’appeler The Brothers. La romancière l’a commencé le 27 janvier 1817. Elle meurt le 18 juillet de la même année. C’est sa nièce Anna Austen Lefroy qui hérita alors du manuscrit, auquel elle imagina une suite, restée elle aussi inachevée. Le texte de cette suite a été vendu chez Sotheby’s en 1977 [[Source : Oeuvres Complètes, tome 2, La Pléiade, page 1349, note n°2]].

Le début de la lecture est un véritable enchantement. Et c’est là que l’on regrette vraiment que la plume austenienne n’ait pu poursuivre en son temps l’écriture de cet ouvrage. On retrouve toute l’ironie (son fameux style indirect libre), toute la verve, tout le talent qu’on lui connaît, notamment dans Emma.

Son roman précédent, Persuasion, avait comblé ses lecteurs dans le registre de l’émotion. Lors de l’élaboration de Sanditon, la maladie de Jane Austen l’empêche peu à peu de travailler, rendant difficile la rédaction, mais certainement pas le bouillonnement d’idées que l’on devine très fécond. Elle se moque d’ailleurs avec beaucoup d’humour d’hypocondriaques.

Juliette Shapiro, dont on estime le travail, souffre sans doute d’un trop-plein d’admiration, notamment lorsqu’elle tend à copier au plus près le style originel, malheureusement en l’alourdissant par des répétitions inutiles, et des parti-pris qui peuvent dérouter. A trop vouloir bien faire…

Néanmoins, ce roman reste un indispensable à lire, pour les amateurs de la grande romancière anglaise. Il est toujours intéressant de constater combien son oeuvre fascine encore aujourd’hui, combien elle inspire des générations d’écrivains, qui font que ses romans et son univers sont plus vivants que jamais.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 336
Editeur : Milady Romance
Collection : Pemberley
Sortie : 23 mai 2014
Prix : 7,90 €