Rentrée littéraire chez Robert Laffont et Julliard

Plusieurs blogueuses ont été invitées à rencontrer les éditeurs de Robert Laffont et Julliard afin de présenter les romans qu’ils ont choisi de publier lors de la rentrée littéraire de septembre 2014 !

C’est donc avant tout une rencontre humaine entre des lectrices à la limite du statut de professionnel (pas de lecteurs présents) et ceux qui décident de notre avenir livresque, qui portent des projets, se battent pour eux en comité, suivent les réécritures et les adaptations en français lorsque c’est nécessaire.

Trois éditeurs vont donc nous présenter chacun trois romans juste après avoir pris un petit déjeuner royal avec l’attachée de presse qui fait le lien entre eux et nous : la délicieuse Cécile Ruelle.

Nous avons commencé avec Maggie Doyle pour Pavillons. Elle nous a présenté trois romans qui ont la particularité d’être des bijoux de la langue anglaise parfaitement adaptés en français.

Elle commence par Nous faisions semblant d’être quelqu’un d’autre de Shani Boianjiu, une jeune femme de nationalité israélienne de 27 ans et c’est ici son premier roman. Elle est partie étudier l’anglais à Harvard après avoir fait son service militaire de deux ans, comme c’est l’obligation en Israël. La jeune femme a donc écrit dans une langue qui n’est pas maternelle ce roman basé sur ses souvenirs dans l’armée.

Trois amies faisant en même temps leur service – l’une tireuse d’élite, l’autre garde-frontière et la dernière en tant qu’officier – donnent leur version de cette expérience. Leur féminité va se construire dans un environnement violent, masculin et autoritaire…

Lorsque Maggie Doyle passe au roman suivant, ses propres racines gaéliques entrent au diapason avec l’auteur irlandais John Banville, bien connu des lectrices. Elle nous informe au passage qu’il sera à Paris le 16 septembre 2014.

Elle ajoute que John Banville – avec visiblement beaucoup d’admiration – est un grand intellectuel, très formel avec le plaisir de jouer avec les mots. Elle a remarqué en tout cas que plus il prenait de la maturité et plus il se ‘lâchait’ dans son écriture.

Son héros est un acteur de théâtre à la retraite forcée après un four qui, lors d’un nouvel engagement, se retrouve projeté dans ses souvenirs d’adolescence tout en le ramenant au présent et à un douloureux deuil…

L’écriture est sublime, elle est d’une beauté à couper le souffle.

Sa dernière présentation concerne Margaret Atwood qui est invitée au Festival américain 2014 et dont MaddAddam est le troisième volet d’une aventure qui peut se lire indépendamment.

L’auteure est une grande fan de Tolkien et les connaisseurs trouveront dans le texte des clins d’oeil à son oeuvre. C’est une dystopie adulte où tous les éléments techniques aussi étonnants soient-ils peuvent être vérifiés, car tout est cohérent.

Margaret Atwood est une fervente défenderesse anti-ogm et notamment est contre les manipulations génétiques. Cela se ressent dans son livre et d’ailleurs HBO est en train de l’adapter pour le petit écran.

Julliard publie des romans français contemporains et c’est Vanessa Spingora, éditrice, qui nous présente trois livres à sortir à la rentrée.

Tout d’abord La mer à courir, une expression qu’utilisent les marins pour parler d’une distance à parcourir d’un point à un autre en mer.

En deux mots, elle le décrit comme un ‘roman Atmosphère’ car on est plus dans l’état intérieur des personnages que sur une narration impersonnelle. L’auteur, Jean-Luc Marty, est un ancien rédacteur en chef du magazine Géo et il est très attaché à la Bretagne et à l’océan.

Puis, Le Cercle des femmes de Sophie Brocas qui joue sur le secret de famille qui entache la vie de ceux qui le cachent, leurs enfants et leurs petits-enfants. C’est un roman sur la transmission, l’impact sur les générations. L’héroïne est une jeune femme de 18 ans qui malgré, ou à cause de, sa jeunesse va « réparer » ce qui a été brisé et qui a un rapport à la relation que toutes les femmes de la famille ont envers les hommes. Elle conclut en disant que c’est un ‘roman Initiatique’.

L’éditrice termine avec Les Tribulations du dernier Sijilmassi de Fouad Laroui. Il écrit, un peu à la manière des philosophes du siècle des Lumières, des fables candides où la remise en question du personnage principal est aussi profonde que naïve.

Adam, Français d’origine marocaine, revient dans sa famille à Casablanca. Alors qu’il est est parfaitement intégré et sans souci vis-à-vis de sa double nationalité, et parce qu’il voyage beaucoup pour son boulot, il finit par souhaiter ralentir. Aller à un autre rythme…

Pour rentrer chez lui, il va choisir de partir à pied avec sa valise et il réfléchit sur ses racines orientales, sa manière occidentale de vivre. En lisant beaucoup, il va découvrir de grands philosophes arabes qui ne sont pas liés à la religion et qui lui apportent une autre ‘lumière’.

C’et un roman sur la quête d’identité qui montre que le retour aux sources de la culture des pays du Maghreb ne passe pas obligatoirement par l’Islam radical, au contraire…

C’est autour de Antoine Caro, directeur général adjoint de Robert-Laffont, de nous présenter les sorties de l’éditeur.

Avis à mon exécuteur (de Romain Slocombe) est un roman d’espionnage, qui avec recul, reprend la vie pas si fictive d’un transfuge du KGB. Antoine Caro insiste sur la véracité des faits inclus (soit 90 %). Le roman relate l’euphorie communiste des années 30 qui a été assassinée par la dictature stalinienne.

L’histoire débute lorsqu’un traducteur reçoit d’un ami des pages en langues russe et allemande découvertes dans une poubelle. Il s’agit du testament-confession de Victor Krebnitsky, trouvé ‘suicidé’ dans un motel de Washington DC en février 1941.

Ce Juif de Galicie va s’engager par idéalisme dans les services secrets de l’URSS et va devoir, dans la souffrance, désapprendre les valeurs humaines et la moralité qu’il connaissait.

Aux premières lignes, ces agents savent mieux que quiconque de quoi est capable le tyran Staline et, lorsqu’il va être rappelé pour les grandes purges (les donneurs d’ordres savent encore mieux de quoi leurs hommes sont capables), il va s’enfuir aux Etats-Unis.

C’est un livre ambitieux du point de vue historique, mais cela reste un vrai roman.

Le bal des hommes de Gonzague Tosseri, écrit par deux journalistes (de 30 et 34 ans), nous plonge en plein Paris interlope des années 30. Des tigres du zoo de Vincennes ayant été tués et émasculés, on somme l’inspecteur Blèche de la Brigade mondaine d’enquêter dans le milieu des invertis, soit les homosexuels, comme on les appelait alors.

Les auteurs ont puisé certaines de leurs inspirations dans les écrits de Céline, Bove, et même Tardi. Ils ont réussi un roman à 4 mains sans que l’on puisse détecter les différences de narration. Une unité si présente que Gonzague et Tosseri se demandent comment il est possible d’écrire autrement. Ils prennent aussi un malin plaisir à chercher les défauts de l’autre, ce qui permet une rigueur inédite.

Cette plongée originale et passionnante est accompagnée d’une enquête minutieuse de la réalité de ces hauts lieux de la vie parisienne, qui n’existent plus de nos jours.

Pour terminer cette matinée passionnante, Antoine Caro nous commente Il bouge encore d’une jeune romancière de 30 ans : Jennifer Murzeau. Cette histoire, qui touche directement nos trentenaires en pleine crise, peut être sombre, mais est toujours bourrée d’humour et de réflexions sur le sens de la vie lorsqu’on est adulte au XXIe siècle !

Il y a des romans pour tous les goûts et vous verrez au fur et à mesure sur Onirik les avis de différents chroniqueurs ! On remercie bien sûr toute l’équipe pour l’accueil, mais surtout pour ces voyages riches en pensée et en émotions !