Le Portrait de Dorian Gray – Avis +

Présentation de l’éditeur

Tout le monde connaît le chef-d’œuvre d’Oscar Wilde tel qu’il a été publié en volume en 1891. Cette version diffère considérablement du manuscrit qu’il avait soumis quelques mois plus tôt au Lippincott’s Magazine où le roman devait paraître en prépublication. Le directeur, par pruderie, l’avait sérieusement raboté, ce qui ne l’a pas empêché de provoquer un premier soulèvement d’indignation.

Par la suite, Wilde a augmenté et remanié son roman, estompant ses passages les plus audacieux. La critique instruisait déjà son procès en immoralité. Il a fallu attendre 2011 pour que, en Angleterre, des universitaires rendent disponible le texte initial, avant les censures successives. C’est cette version que les Cahiers rouges publient pour la première fois en France.

La trame reste inchangée. Dans le Londres fin de siècle, le peintre Basil Hallward tombe en adoration devant son modèle, le beau Dorian Gray. Leur chaste idylle commence, troublée par l’intervention d’un vieux camarade de Hallward, Lord Henry. Dandy hédoniste amoureux des bons mots, affichant avec insolence son homosexualité, il convainc Dorian de l’importance capitale de sa beauté. Un jour viendra où la vieillesse l’aura défiguré et plus personne ne le regardera. Horrifié, Dorian conclut un pacte faustien avec le portrait que Hallward a peint de lui : ce n’est plus lui que le temps abîmera, mais l’image du tableau.

Le Portrait de Dorian Gray non censuré est encore plus délicieusement décadent et surtout plus ouvertement homosexuel. Le pouvoir érotique de Dorian est exacerbé, nombre de phrases rendent indubitable et intense la nature des sentiments de Hallward pour lui. On retrouvera bien sûr les saillies du spirituel Lord Henry, notamment le fameux :

« De nos jours on sait le prix de tout, mais on ne connaît la valeur de rien. »

Avis de Claire

Dorian Gray, jeune homme pur et incroyablement beau, fait réaliser son portrait. Peu après, il rencontre lord Henry Wotton, un homme cynique, qui va très rapidement avoir une très mauvaise influence sur lui. Les deux hommes ne se quittent plus et deviennent compagnons de débauche.

Dans le même temps, le portrait de Dorian semble s’altérer, alors que celui-ci ne garde aucune stigmate de ses nuits de beuverie…

Ce seul et unique roman d’Oscar Wilde, c’est toute une histoire. Au départ, il s’agit d’un texte de commande, sous forme de feuilleton, de la part du mensuel américain Lippincott, pour lequel Conan Doyle rédige, à la même période, Le Signe des Quatre. Pour cette première édition, le livre subit des coupes importantes, l’éditeur américain, Joseph Marshall Stoddart, ayant pris l’initiative de le délester de ses passages les plus scabreux (sic), sans en avertir Wilde. Ce dernier fait quelques coupes supplémentaires pour la publication en format roman, en Grande-Bretagne.

Le professeur Nicholas Frankel, enseignant à la Virginia Commonwealth University, a entrepris de dépoussiérer le texte et de le restituer dans sa tonalité d’origine, avec des allusions plus explicites à l’homosexualité. Nous avons ainsi entre les mains le texte original, tel que l’a voulu Oscar Wilde. Cependant, le roman, à sa publication, a malgré tout été l’objet d’un scandale, le public et les journaux de l’époque faisant le parallèle entre ses écrits et sa vie privée.

Pour redécouvrir le texte originel, le chercheur s’est appuyé sur les archives de la Pennsylvania Historical Society, ainsi que sur celles du magazine Lippincott. Pour lui, le roman d’Oscar Wilde « aide à faire la transition de l’époque victorienne au moderne et Wilde a payé un prix très élevé pour cela

Un livre à redécouvrir donc, ainsi que la préface fort éclairante d’Anatole Tomczak, en complément de la très belle exposition proposée actuellement au Petit Palais, à Paris, Oscar Wilde l’impertinent absolu.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 215
Editeur : Grasset

Collection : Les Cahiers rouges
Sortie : 14 septembre 2016
Prix : 8,90 €