Là où se trouve le cœur – Avis +

Présentation de l’éditeur

Fin de la tétralogie Kouplan, détective privé sans papier.

Après tant d’années de galère, Kouplan aurait-il enfin trouvé sa place ? Pourvu d’un toit, d’un permis de résidence et d’un travail en bibliothèque, il aurait tout pour être heureux. Tout, sauf le cœur : ce frère perdu de vue depuis leurs départs respectifs d’Iran, loin de l’oppression politique.

C’est en recherchant ce fantôme aimé que Kouplan va retrouver son ancien dortoir et, de fait, ceux qui l’y ont remplacé. Semi-esclaves à la merci des marchands de sommeil, ils sont neuf sans-papiers, dont la vie et la mort n’intéressent personne. De quoi raviver une dernière fois les talents de Kouplan, détective clandestin…

Avis de Thérèse

Il s’agit du quatrième et dernier titre de la saga consacrée à Kouplan dont on a fait la connaissance dans Chacun sa vérité.

Huit ans après sa fuite d’Iran, les choses ont enfin commencé à s’améliorer pour Kouplan. Désormais en situation régulière, dûment muni d’un titre de séjour suédois, stagiaire rémunéré dans une bibliothèque, hébergé chez des amis, il pourrait savourer sa nouvelle vie, mais il souhaite plus que tout avoir des nouvelles de sa famille, de ses parents, de son frère Nima qu’il espère lui aussi réfugié en Suède. Mais il est difficile de retrouver quelqu’un qui a dû changer et se cache, alors qu’on a soi-même totalement changé, à la fois de nom et physiquement.

Pour avancer dans ses recherches, il aurait besoin de photos de sa famille qu’il a dû abandonner dans son ancien logement de sans-papiers, dans l’appartement où ceux qui l’ont par le passé exploité logent leur main d’œuvre clandestine. Il apprend par les nouveaux occupants que les patrons du kebab ont tué un des sans-papiers, en toute impunité puisqu’il s’agit de quelqu’un qui n’existe pas légalement en Suède et dont le sort n’intéresse personne

Ce dernier volume est celui qui va en quelque sorte boucler la boucle, permettre à Kouplan d’affirmer sa nouvelle identité auprès des siens, d’utiliser son expérience passée de détective clandestin pour aider ceux qui sont dans la situation qu’il a connue, les réfugiés, les sans-papiers, les invisibles, et aussi de se venger de ceux qui l’ont exploité, traité en esclave à son arrivée sur le sol suédois

Sara Lövestam aborde dans ce roman, comme dans les trois tomes précédents des sujets délicats : réfugiés, sans-papiers, trafic d’êtres humains, transsexualité, questions de genre. Mais elle parle aussi de famille, de valeurs humanitaires, de besoin de justice, de tolérance. Très engagée socialement, Sara Lövestam a donné des cours de suédois pour immigrés et est militante LGBT. Avec la série dédiée à Kouplan, elle propose des romans policiers sociaux, humanistes, qui donnent à réfléchir sur beaucoup de questions de société.

Une partie du texte peut faire sourire. Quand la presse annonce la découverte deux cadavres, les commentaires se déchaînent sur internet : « … les gens ont toutes sortes de théories. La plupart pensent qu’il s’agit d’une guerre des gangs. D’autres disent qu’on n’osera bientôt plus sortir de chez soi et se demandent où va la Suède. … Et pourquoi Aftonbladet (nom du journal) ne révèle pas l’origine ethnique des meurtriers ? ». Il y avait certainement quelqu’un pour s’exclamer qu’il n’y a qu’en Suède qu’on peut voir ça…

La fin du roman apporte une touche d’espoir. Un nouveau matin, un nouveau jour, une nouvelle vie… On ne peut que souhaiter bonne route à Kouplan pour la suite.

Fiche technique

Format : poche
Pages‏ : ‎368
Éditeur ‏: Pocket
Sortie :12 mai 2021
Prix : 7,60 €