Journal d’un homme sans importance – Avis +

Présentation de l’éditeur

Charles Pooter, respectable employé de banque à la City, décide d’entamer la rédaction d’un journal. Il va y consigner aussi scrupuleusement que naïvement ses aventures et mésaventures quotidiennes, avec sa très chère épouse Carrie, son indigne fils Lupin, qui se compromet avec une fiancée peu respectable, ses voisins encombrants et ses fournisseurs peu respectueux. Et quand Mr Pooter sort de sa confortable maison de banlieue, il regarde le Londres d’il y a cent ans, ses comédies, ses spectacles, ses inventions, comme une sorte de jungle un peu effrayante peuplée de grands animaux auxquels il faut surtout éviter de montrer qu’on a peur.

Paru en feuilleton dans la revue satirique Punch entre 1888 et 1889, cette chronique de la vie de banlieue londonienne à la fin de l’ère victorienne est un chef-d’œuvre d’humour anglais, qui a depuis longtemps acquis outre-Manche le statut de livre culte.

Avis de Thérèse

Paru sous forme de feuilleton dans l’hebdomadaire satirique Punch en 1888 et 1889, ce Journal d’un homme sans importance est l’illustration parfaite de la fascination du vide. Les frères Grossmith relatent le quotidien d’un employé londonien sérieux, opposé au changement, respectueux des convenances, routinier, modeste mais persuadé que son journal mériterait autant qu’un autre d’être publié.

Charles Pooter décide de tenir un journal lorsqu’il s’installe avec son épouse Carrie dans leur nouvelle maison et nous fait partager le récit détaillé et sans intérêt de ses démêlés avec les nouveaux fournisseurs, avec le décrottoir, avec la sonnette, avec le tapis de l’escalier.

Il se lance dans le jardinage dont il a apparemment des notions limitées : « 9 avril : planté de la moutarde et des radis. 12 avril : la moutarde et les radis ne sont toujours pas sortis« . Après quoi, sans doute déçu par ce manque de résultat, il s’en désintéresse totalement.

Persuadé d’être plein d’esprit et d’humour, il se lance parfois dans des plaisanteries qui n’amusent que lui – et de temps en temps sa femme. Totalement dévoué à la banque qui l’emploie, il écrit dans son journal « mon bon maître » pour parler de son directeur.

Des péripéties surviennent tout de même dans son quotidien immuable, notamment liées à son fils Lupin, doté d’un caractère totalement opposé au sien, peu soucieux de mener une vie stable, préférant s’amuser, rire, boire, spéculer, au grand désespoir de son père.

L’amusement naît de la répétition des journées rituelles de Pooter, de ses réactions face au moindre manquement aux conventions, de son souci permanent de bien faire, de son indignation devant certains comportements. Il ne se passe rien, ou presque rien, et on continue à lire, on sourit, on ne sait même pas pourquoi on continue à lire, mais on continue, fascinés par la banalité de ce quotidien.

Il est difficile en 2021 d’imaginer ce qui pouvait amuser les lecteurs de ce feuilleton dans la revue Punch pendant plus d’un an, sans doute des détails et des réactions bien éloignés de ce qui divertit le lecteur d’aujourd’hui ; peut-être avaient-ils l’impression d’y reconnaître certains de leurs proches, mais jamais eux-mêmes évidemment !

Fiche technique

Éditeur : 10 X 18 (18 février 2021)
Langue : Français
Poche : 240 pages
Prix : 7,50