Inoubliable amour – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un monde nouveau s’ouvre à Anne Jewell lorsqu’elle franchit l’entrée du château de Bewcastle. Pour cette jeune professeur qui vit dans un pensionnat à Bath, le pays de Galles est un dépaysement total. Elle avait hésité lorsqu’on lui avait proposé d’accompagner la famille Bedwyn en vacances. Etait-ce vraiment sa place ? Finalement, elle a accepté pour David, son fils. Mère célibataire, Anne est consciente que son petit garçon a besoin d’être entouré d’amis de son âge. A Bewcastle, il pourra s’amuser avec d’autres enfants. Et Anne aime tant la mer ! C’est d’ailleurs près de la plage qu’elle croise pour la première fois la haute silhouette de Sydnam Butler, le régisseur du domaine. Un homme solitaire, car défiguré et infirme ; un homme qui l’effraie tout d’abord, puis l’émeut et finit par la troubler infiniment…

Avis de Marnie

La décision de traduire les romans de Mary Balogh est la meilleure décision de l’année prise par les éditions J’ai Lu. En plus, il faut remercier que les parutions sont bien effectuées dans l’ordre. En effet, ce deuxième tome de la série « Simply quartet » fait suite à Inoubliable Francesca publié quelques semaines auparavant… Autre attrait, c’est l’aspect soigné de ce roman. La quatrième de couverture est parfaite, ainsi que le dessin de la pochette, un modèle du genre qui apporte un aspect raffiné à cette découverte, digne de l’écriture fine et délicate de ce talentueux auteur. J’ajouterai que j’ai découvert ici une traduction soignée et très réfléchie, un vocabulaire français particulièrement bien adapté à l’époque tout en gardant une compréhension des plus actuelles, ainsi qu’une fluidité du phrasé retranscrit avec une vraie fidélité.

Nous n’aurons ici que deux regrets :

– La série Simply quartet est intrinsèquement liée aux huit autres romans de la série Bedwyn [[les fameux « Slighty« …]] et nous avons le plaisir de voir défiler ici de nombreux couples qui évoquent leurs différentes rencontres… et nous nous sentons alors abominablement frustrés de ne pas avoir lu tout ce qui a trait à tous ces personnages secondaires dès plus sympathiques (surtout le duc de Bedwyn… éblouissant) !

– le titre… nous avons compris que les quatre romans allaient s’intituler Inoubliable quelqu’un ou quelque chose en français. Seulement, ici, inoubliable amour n’est vraiment pas adapté. En effet, nos deux héros, sont deux êtres sont au ban de la société et ce qui va les rapprocher n’a rien à voir avec l’amour. Chacun trouve en l’autre le reflet de sa propre solitude et de sa souffrance. L’amour n’est pas ce qui les rapproche ou ce qu’ils vont regretter, parce que pour chacun d’eux, cela ne fait et ne fera jamais partie de leur existence. Donc, nous ne pouvons que nous demander quel amour est inoubliable !

Ce qui est presque perturbant avec Mary Balogh, c’est l’aptitude vraiment singulière d’écrire 316 pages avec… une intrigue mince comme un fil de soie, sans une seule péripétie ni aucun rebondissement ou tout est attendu. Malgré cette absence quasi totale de scénario, elle réussit l’exploit de nous intéresser à cette histoire dès la première page, tout en nous captivant jusqu’à la conclusion. Le terme de « simplement » [[le titre original étant Simply love]] ne pouvait être mieux adapté. Une femme traumatisée et blessée par la vie, rencontre un homme traumatisé et blessé par la vie. Ils vont échanger au cours de plusieurs conversations les sentiments de révolte et d’amertume qu’ils savent partagés… ils se comprennent et trouve l’un chez l’autre le reflet de ce qu’ils éprouvent et de ce qu’ils ne s’avouaient même pas à eux-mêmes.

L’introspection est le point fort de Mary Balogh. Toute l’évolution est d’une richesse et d’une profondeur littéralement délectable. Nous ne pouvons que louer la délicatesse, la subtilité et l’émotion à fleur de peau, distillés avec une habileté réfléchie tout au long de cette histoire douce-amère, où une tendresse fragile va peu à peu s’insinuer dans les coeurs des deux héros. Aux passages où ils osent se révéler leur souffrance, se succèdent des petites scènes gênées de vingt minutes où ils discourent sur la météo comme tout Anglais bien né qui se respecte ! C’est attendrissant, finement dosé, et surtout plein de charme et d’émotion retenue. Si nous découvrons avec une vraie indulgence quelques anachronismes, ces derniers se fondent totalement dans ce délicieux récit.

Ecrit en 2006 par un auteur très prolifique et qui pourrait avoir perdu de sa spontanéité et de sa fraîcheur, il est passionnant de savoir que l’on peut publier de nos jours de telles romances, aux détails réfléchis et totalement ancrés dans la réalité de l’époque, où le fantôme de Jane Austen n’est jamais loin, tout en possédant une modernité dans le rythme, dans la sensualité, et dans la psychologie des personnages des plus agréables. Nous noterons que pour une fois, Mary Balogh a pris le temps de s’attarder sur l’épilogue, ce qui était vraiment nécessaire ici, et le final est une totale réussite. Du travail d’orfèvre !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai lu
Collection : Pour elle
Sortie : 8 septembre 2008
Prix : 6,50 €