La première partie du documentaire décrit la naissance du future président en 1932 (dans un milieu de gauche, voire d’extrême-gauche) et continue jusqu’en 1981, date où il a fait élire François Mitterrand à la place de Giscard d’Estaing.
Il avait pourtant soutenu celui-ci en 1974 contre le candidat gaulliste officiel en 1974, Jacques Chaban Delmas. En 1974, pour le remercier de l’avoir soutenu, Giscard d’Estaing nomme Chirac premier ministre, espérant ainsi voir le parti gaulliste de l’époque, l’UDR, se rallier à lui. Mais Giscard, qui n’avait jamais été premier ministre, connaissait mal cette fonction et a exercé un pouvoir monarchique. Chirac s’est ainsi senti délaissé. Le coup de
Dans le second volet, Le vieux lion, on assiste à un autre retournement de situation, à d’autres amours trahies. La première vient de Balladur. C’est Chirac qui l’a propulsé pour être premier ministre dans la première cohabitation avec François Mitterrand en 1988, lui-même ne désirant pas accepter de nouveau cette fonction. Ses proches (Charles Pasqua, Philippe Séguin) l’ont mis en garde : « Si tu mets Balladur premier ministre, c’est sûr qu’il va se présenter aux prochaines présidentielles« . Chirac, ayant confiance en son « ami de 30 ans », ne le croyait pas. Et pourtant, Balladur prend de plus en plus de distance avec Chirac. Il ne lui communique même pas la liste de son futur gouvernement ! Quand, deux ans plus tard,
Chirac, comme tous les grands fauves blessés, s’est rendu ensuite intraitable. Après la campagne présidentielle de 1995 où il est sorti des ses gongs et a réalisé une campagne époustouflante (celle de Balladur étant catastrophique), il reprend le pouvoir, et sa vengeance sera terrible. Il chasse tous les balladuriens de son nouveau gouvernement (même son ami très cher, Pasqua), et il développe depuis cette date une haine farouche contre tous ceux qui l’ont « trahi ». Celui qui représente le plus cette haine, c’est Nicolas Sarkozy. Chirac dira de lui en 1995 : « Il faut l’écraser, et si possible du pied gauche, ça porte bonheur » !
Mystère. Finalement, au terme de ces deux excellents téléfilms, Chirac restera un grand mystère, une personnalité riche et beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, à la fois attachante (il aime la vie, les camarades, les arts premiers) et terrifiante (il est impitoyable avec ceux qui l’ont trahi).
C’est une véritable lutte de pouvoir, d’amours contrariées et de trahisons successives que nous montre avec panache le documentaire de Patrick Rotman. C’est un peu Les rois maudits à la fin du XXe siècle. Vraiment génial.
Bravo à Patrick Rotman et à France 2 de nous avoir autant éclairé sur ce sujet brûlant et… d’actualité !