C’est le coeur qui lâche en dernier – Avis +

Présentation de l’éditeur

Stan et Charmaine ont été touchés de plein fouet par la crise économique qui consume les États-Unis. Tous deux survivent grâce aux maigres pourboires que gagne Charmaine dans un bar sordide et se voient contraints de loger dans leur voiture… Aussi, lorsqu’ils découvrent à la télévision une publicité pour une ville qui leur promet un toit au-dessus de leurs têtes, ils signent sans réfléchir : ils n’ont plus rien à perdre.

À Consilience, chacun a un travail, avec la satisfaction d’oeuvrer pour la communauté, et une maison. Un mois sur deux. Le reste du temps, les habitants le passent en prison… ou ils sont également logés et nourris ! Le bonheur. Mais le système veut que pendant leur absence, un autre couple s’installe chez eux avant d’être incarcéré à son tour. Et Stan tombe bientôt sur un mot qui va le rendre fou de désir pour celle qui se glisse entre ses draps quand lui n’y est pas : « Je suis affamée de toi. »

Avis d’Emmanuelle

Margaret Atwood a encore développé un nouvel univers dystopique. Celui-ci est bien différent de celui de La Servante Ecarlate, sombre, profondément injuste et misogyne, ou son contraire, dans Le Dernier Homme, C’est le cœur qui lâche en dernier offre cette fois-ci un futur plus proche, à l’esthétisme beaucoup plus coloré.

Les personnages évoluant dans ce décor fifty, sont proches de leurs homologues du passé : une femme dont l’intérêt principal réside en la décoration de sa nouvelle maison, son mari qui s’épanouit dans le « bricolage ». Mais ça, c’est en apparence. Charmaine trompe son conjoint avec son « binôme », et Stan, quant à lui, fantasme sur toutes les femmes, sauf la sienne.

La ville de Consilience pourrait être parfaite aux yeux du lecteur, si ce n’est que l’on se pose la question à laquelle ses habitants, eux, n’ont pas réfléchi : pourquoi doit-on passer un mois sur deux en prison ? Aucune justification à cette obligation pour habiter la ville, mais l’utilisation de cette condition carcérale trouve tout son intérêt pour les investisseurs dans la deuxième partie du roman, qui tombe alors dans le rocambolesque.

La particularité de Margaret Atwood, celle qui conquiert le lecteur, c’est d’adapter son écriture à son univers. Ici, on se prend à rire en tournant certaines pages, là où on était au bord de l’écoeurement dans certains passages de La Servante Ecarlate.

Au final, on est totalement absorbé par cet univers, malgré une ou deux incohérences. Mais sincèrement, si l’on vous proposait une maison, un travail, le tout dans une ville façon Happy Days, alors que vous vivez de restes dans une voiture, vous ne vous poseriez pas beaucoup de questions avant de signer, non ?

Fiche Technique

Format : relié
Pages : 450
Éditeur : Robert Laffont
Collection : Littérature Etrangère
Sortie : 17 août 2017
Prix : 22 €