Billet d’humeur : une lectrice en colère !

Je ne suis pas spécialement une grande lectrice, mais une lectrice passionnée, qui fait partie des rares spécimens à ne pas s’appuyer sur des blogs ou des booktubeurs [[Personnes ayant une chaîne de vidéo Youtube parlant de livres]] pour acheter des livres. Je suis peut-être de la vieille école et, surtout, j’ai rapidement compris que l’avis des uns ne fait que rarement mon bonheur.

J’aime par dessus tout flâner entre les rayonnages, toucher les livres, les reluquer, les soupeser. Même dans les supérettes, s’il y a un rayon livres, je me hâte pour le parcourir de fond en comble. Avant de me procurer un roman, je suis happée par un titre et par une couverture. Puis, je lis la quatrième de couverture. Si elle m’intrigue, je survole quelques morceaux épars pour m’imprégner du style de l’auteur. Je finis par la tranche, si celle-ci n’était pas visible en premier lieu. Pourtant, s’il y a bien une chose que je n’arrive pas à savoir, alors même que j’ai le livre en mains, c’est le fait qu’il s’agisse d’une saga ou non.

Depuis plusieurs années, j’ai la mauvaise surprise d’acheter des romans faisant partie d’un cycle, ce qui, pourtant, n’est absolument pas indiqué. Nulle part ! Lorsque je découvre que je me suis procuré, sans le savoir, le onzième tome [[ Lucas de Franck Thilliez]] d’une saga littéraire, là, je me sens en colère vis à vis des éditeurs ! Car le problème est malheureusement de plus en plus flagrant et touche surtout les genres du thriller.

Dans un sens, je les comprends. Les éditeurs imaginent sans doute que c’est le meilleur moyen d’attirer le lecteur vers la collection complète de l’auteur, que de toute manière : un tome = une enquête. Mais Mesdames et Messieurs les éditeurs, moi, en tant qu’acheteuse et surtout en tant que lectrice, j’ai l’impression qu’on me prend un peu pour une imbécile et qu’on me demande d’accepter ça sans pouvoir y redire. Certains me diront que je n’ai pas de chance, mais comprenez-moi. J’en ai marre d’atterrir dans un univers déjà mis en place, avec des personnages qui ont déjà connu des aventures ensemble.

Pourtant, dans le genre de l’Imaginaire, je n’ai jamais eu à subir un tel manque de respect, peu importe la maison d’édition, et peu importe s’il s’agit d’un grand format ou d’un poche. A croire qu’il est convenu que pour le fantastique, les sagas font vendre, mais pas pour les thrillers. Pourquoi ?! J’aimerais un jour qu’un éditeur se confie sur ce phénomène, pour comprendre les raisons qui l’amènent à faire le choix de taire le fait que tel roman provient d’une saga.

J’ai plusieurs hypothèses dont celles-ci :

  • Le fait qu’un lecteur moyen a tendance à rester fidèle à un auteur qui l’a plongé dans un univers qui lui a plu. Ainsi, il achètera le reste de la collection et découvrira par la même occasion les débuts et suites de l’univers qu’il a tant apprécié. Malheureusement, dans mon cas, je trouve que ça n’a pas de sens.
  • Le fait aussi que les personnages ne font pas l’histoire, ne font pas l’enquête.

Prenons l’exemple de Lucas, de Franck Thilliez. Rien n’est indiqué (grand format et poche) qu’il s’agit en fait du 11ème tome (!) des aventures de l’équipe de Sharko. Au vu des révélations qui ont lieu dans ce tome-ci, il est impossible de prendre du plaisir à lire les tomes précédents. Pire, la conclusion de l’un d’eux est tout bonnement explicitée. Bien sûr, l’enquête en elle-même est brillante et bien ficelée, mais les personnages n’ont pas à être qu’un décor, qu’une béquille à l’avancement de l’enquête. Sinon quel intérêt y a-t-il d’en garder les mêmes ?

Je suis une lectrice et je suis en colère, parce que beaucoup des livres que je me procure font partie d’un cycle sans que je puisse le savoir avant l’achat. C’est toujours lors de la lecture, à travers des notes en bas de page ou lors de passages qui induisent qu’il y a eu des aventures passées. Et pour une lectrice comme moi, qui suit avant tout les péripéties de personnages, je me sens frustrée à l’idée de ne pas avoir pu les connaître dès le début, de ne pas avoir eu la chance de les découvrir au bon moment, de ne pas les avoir vus évoluer au fil de leurs aventures.

Je suis une lectrice et je suis en colère, car ça m’est encore arrivé récemment avec Le jour des Morts de Nicolas Lebel. Pas de bol, c’est la deuxième aventure de l’équipe de police du commissariat du XIIe arrondissement de Paris. Et c’est avec l’achat de ce livre, la goutte de trop, que j’écris ces mots. Car, bien que l’enquête soit résolue, tout un tas de questionnements sur l’avenir de tous les personnages est resté en suspens, alors même que certains ont un rapport direct avec l’enquête en cours. Je veux bien qu’on laisse en suspens des choses, mais qu’on l’explicite un minimum, surtout que j’ai eu le sentiment de débarquer en plein milieu d’un événement en lisant les premières pages. Et évidemment, le tome 3 n’a aucune mention sur le fait qu’il s’agisse d’une suite. Les nouveaux lecteurs malheureux débarqueront en plein milieu d’un gloubi-boulga de situations…

Je suis une lectrice et je suis en colère !