Bancs publics (Versailles rive droite) – Avis +

Résumé

Une banderole est déployée au quatrième étage d’un vieil immeuble indiquant ‘HOMME SEUL’. Cela met en émoi les membres de la société qui travaillent juste en face. Trois employées sont désignées par leur chef pour enquêter. Mais c’est bientôt la pause déjeuner. Tout le monde se retrouve dans un petit square de Versailles.

Avis de Luc

A quoi servent les bancs publics ? Bien sûr, à se bécoter comme dans la chanson de Georges Brassens interprétée par Rida au début du film qui porte son nom Bancs publics dans le train de banlieue qui amène au terminus : Versailles rive droite. Mais le réalisateur, Bruno Podalydès, montre qu’ils servent à bien d’autres choses : à bercer son bébé (Mathieu Amalric dans un rôle tendresse inhabituel), à écouter son émission favorite de radio (Nicole Garcia), à jouer au Backgammon (Claude Rich et Jean-Pierre Aumont, commentant leur coloscopie), à télécommander un petit bateau dans le bassin du square (Didier Bourdon, que l’on peut voir également à l’affiche cette semaine dans un autre film !), à se réconcilier les larmes aux yeux avec son vieil amant (Hippolyte Girardot).

Cette pause déjeuner est la partie centrale du film, un grand moment de tendresse. A un moment, on voit Mathieu Amalric jouer à l’avion dans le square comme l’avaient fait jadis Denis Podalydès (le frère du réalisateur) et Isabelle Candelier tout nus dans Dieu seul me voit – Versailles Chantier sorti en 1998. Cette allusion au précédent opus versaillais des frères Podalydès est particulièrement émouvante. Finalement, tous leurs films parlent de la même chose, de la solitude que chacun tente de régler avec leurs faibles moyens, très modestes, et cette recherche perpétuelle du bonheur, traitée avec délicatesse et sans pathos nous touche au plus profond.

Il faut dire que les comédiens y sont pour beaucoup pour nous faire partager cette tendresse. Ils sont plus de quatre-vingts (!) à nous faire rire et à nous émouvoir. On ne peut évidemment pas les citer tous, mais, connus ou pas, ils sont tous traités à égalité. Même les deux stars féminines du film sont modestes (et géniales) : Josiane Balasko s’apprête à partir en retraite et, comme cadeau d’adieu, plutôt que le voyage dont elle rêvait, n’a droit qu’à des gadgets ridicules. Catherine Deneuve vient au magasin de bricolage pour faire réparer une petite armoire qui a appartenu à son grand-père auquelle elle tient beaucoup. Bien sûr, la réparation va tourner au désastre. Il y a du Tati dans ce magasin de bricolage dirigé par… Bruno Podalydès en personne !

Dommage que cette troisième partie soit aussi longue, elle casse le rythme des deux premières parties qui étaient très tendres. Cette séquence, purement burlesque, est nettement moins intéressante que les deux premières, très touchantes. Alors, là encore, on s’amuse de voir d’autres grands comédiens y faire allègrement des gaffes : Denis Podalydès, Benoît Poelvorde, Olivier Gourmet…

Heureusement, la séquence finale est un retour à la délicatesse des deux premières parties et c’est un immense bonheur qui s’empare du spectateur. Enfin un film qui fait du bien, c’est rare !

Le cinéma français se porte bien en cette saison des block-busters américains. Cette semaine, on verra le dernier long-métrage d’un autre cinéaste régional : Alain Guillaudie qui filme le Tarn avec tendresse et humour.

En conclusion, précipitez-vous pour voir (à Versailles ou pas) le troisième opus versaillais des frères Poalydès (après Versailles rive gauche et Dieu seul me voit – Versailles Chantier). Un grand moment de bonheur.

Fiche Technique

Sortie : 08 juillet 2009

Avec Denis Podalydès, Samir Guesmi, Josiane Balasko, Catherine Deneuve, Mathieu Amalric, etc.

Genre : comédie

Durée : 110 minutes