Présentation de l’écrivain
L’été arrive, le couple Zola prend ses quartiers d’été à Médan et emmène Jeanne. Et c’est le coup de foudre entre l’adolescente et l’écrivain… Mais l’amour incroyable qui unit Jeanne et Zola, malgré leur différence d’âge, rend impossible toute vie commune à Médan. Émile achète un appartement à Paris où il installe sa protégée. D’excuses en prétextes, il parvient toujours à retrouver la jeune femme qui, enfin, donne à Émile ce dont il rêve depuis toujours mais qu’Alexandrine n’a pu lui offrir : deux enfants, Denise et Jacques.
Les absences de l’écrivain finissent par peser sur Jeanne, qui doit se résigner : Zola ne se séparera jamais de sa femme, ses enfants ne porteront pas son nom, et elle-même devra accepter son statut de femme cachée et entretenue. Seule la force de leur amour les aidera à supporter les contraintes de cette double vie, y compris la fureur d’Alexandrine, lorsqu’elle découvrira leur histoire.
Sa haine, ses menaces, ses injures et ses larmes seront pourtant mises de
Avis d’Enora
Le roman de Jeanne… à l’ombre de Zola d’Isabelle Delamotte est un vrai bonheur de lecture ! L’auteur a conjugué un minutieux travail de recherche (pas loin d’une année de travail) avec une sensibilité et une empathie vis-à-vis de son personnage qui lui ont permis d’imaginer et de nous faire partager ses ressentis. Comblant les lacunes de sa vie par des personnages fictifs qui ne sont désignés que par leur prénom (ce qui nous permet ainsi facilement de faire la part entre la réalité et le roman), elle nous raconte à travers l’histoire de Jeanne, la vie des femmes du peuple. Car la personnalité de la jeune femme est indissociable de la société dont elle est issue : le monde paysan de Bourgogne d’abord et plus tard, les dures conditions de travail des ateliers de couture en cette fin du XIXe. La majorité des ouvrières de l’aiguille, même les plus expérimentées ne gagnaient pas assez pour vivre, ce qui les poussait parfois à la prostitution pour pouvoir nourrir leur famille ou même au suicide. Longue journées de labeur, salaires très bas, cette fin de siècle éclate en injustice économique et sociale.
Jeanne c’est la jeune fille pure, travailleuse, sensible et courageuse que l’on retrouve de façon récurrente dans les romans de Zola. Ce n’est certainement pas anodin et cela explique peut-être en partie l’amour de l’écrivain pour cette jeune femme, comme un rêve qui deviendrait réalité. « Vous êtes un Greuze », lui dira-t-il, devant sa grâce naïve et émouvante. Jeanne démissionne et se sacrifie pour celui qu’elle aime, en devenant la maitresse d’un homme qui, elle le comprendra très vite, ne divorcera jamais de celle qui fut la compagne et la complice de ses débuts difficiles. Elle le comblera en lui donnant les enfants qu’il avait toujours désirés, « mon ventre est plein de tes rêves » dira-t-elle pour lui annoncer sa première grossesse. Ces enfants déclarés « de père non dénommé », ne seront reconnus officiellement qu’après la mort de leur père et grâce aux démarches d’Alexandrine et, à partir de 1907, porteront accolés par un trait d’union le prénom et le nom de leur géniteur.
Jeanne apporta dans l’œuvre de l’écrivain une vision plus sereine et plus
Dans son roman, Isabelle Delamotte auteur d’une thèse sur « La médecine, le malade et le médecin dans l’œuvre de Zola », nous permet à travers deux magnifiques portraits de femme, d’aller à la rencontre d’un Zola intime et émouvant. Mais c’est aussi la peinture d’une époque, d’une société et un bel hommage à cette femme intègre, qui a voué sa vie à l’homme qu’elle aimait. Il était temps de la sortir de l’ombre dans lesquelles les conventions de son temps, l’avaient maintenue ; merci à Isabelle Delamotte de l’avoir fait et d’une si émouvante façon.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 345
Editeur : Belfond
Sortie : 19 février 2009
Prix : 19,50 €