
Lorsque l’on évoque les héros discrets de la Seconde Guerre mondiale, le nom de Carl Lutz n’apparaît pas toujours aux côtés de ceux d’Oskar Schindler ou Raoul Wallenberg. Et pourtant, ce diplomate suisse a sauvé des dizaines de milliers de Juifs hongrois de la déportation et de la mort.
En 1942, Carl Lutz est nommé vice-consul de Suisse à Budapest. Son rôle officiel est limité : représenter les intérêts de pays ennemis de l’Allemagne. Mais face aux rafles et aux convois vers Auschwitz, il décide d’aller bien au-delà de sa mission.
Lutz obtient l’autorisation d’émettre des lettres de protection pour 8 000 Juifs. Mais il interprète ce chiffre non pas comme un total de personnes, mais comme des familles entières. Grâce à cette lecture audacieuse, il distribue près de 50 000 documents. Il fait aussi aménager des « maisons protégées » arborant le drapeau suisse, véritables refuges au cœur de la persécution.
Menacé à plusieurs reprises par les nazis et les Croix fléchées (les fascistes hongrois), Carl Lutz persiste. Sa ténacité, sa diplomatie et son audace lui permettent de sauver environ 62 000 personnes, ce qui en fait l’un des plus grands sauveteurs de la Shoah.
Après la guerre, Lutz n’est pas célébré dans son pays : ses supérieurs lui reprochent même d’avoir outrepassé ses fonctions. Ce n’est qu’en 1964 qu’il reçoit le titre de Juste parmi les Nations décerné par Yad Vashem. Aujourd’hui encore, son nom reste moins connu que d’autres, alors que son action fut exceptionnelle.
30 mars 1895 : Naissance à Walzenhausen (canton d’Appenzell, Suisse).
1913 : Part pour les États-Unis, où il vit et étudie la théologie et les langues.
1920 : Entre au service diplomatique suisse, d’abord à Washington puis à Saint-Louis.
1935 : Nommé vice-consul de Suisse à Jaffa, alors sous mandat britannique.
1942 : Affecté à Budapest (Hongrie) comme chef de la section des intérêts étrangers.
1944 :
- Mars : L’Allemagne occupe la Hongrie. Les déportations de Juifs commencent.
- Été : Lutz obtient d’émettre 8 000 lettres de protection et les applique à des familles entières.
- Il met en place les maisons protégées sous pavillon suisse, refuge pour des milliers de Juifs.
Hiver 1944-1945 : Malgré les menaces des Croix fléchées et des nazis, il poursuit son action.
1945 : Fin de la guerre. On estime à 62 000 le nombre de vies sauvées grâce à lui.
1945-1946 : De retour en Suisse, il fait face à des critiques de sa hiérarchie pour avoir outrepassé ses fonctions.
1964 : Yad Vashem lui décerne le titre de Juste parmi les Nations.
1975 : Nommé citoyen d’honneur d’Israël.
12 février 1975 : Mort à Berne.