Interview de David Lapetina

Onirik : Ton livre est présenté à la fois comme roman policier et d’héroïc-fantasy, je dirais que c’est en fait une sorte de conte philosophique qui fait la satire de nos mœurs et du pouvoir, dénonce la corruption, le racisme et les préjugés et incite à la réflexion. Est-ce aussi ainsi que tu vois ton livre ?
Pourrait-on dire que toute ressemblance avec des personnes ou des
situations existantes ou ayant existé ne saurait être fortuite ?

David Lapetina : Je ne laisse jamais rien au hasard dans mes livres. Tout à toujours un sens, au moins pour moi. Après je rajoute toujours un peu de brouillard pour ne pas imposer cette vision et que chacun puisse être acteur de l’histoire.

Onirik : C’est extrêmement pessimiste, est-ce la vision que tu as du monde ?

David Lapetina : C’est une vision réaliste du monde.

Onirik : Il y a un très bel échange entre Ikahac et le chef des Caravaniers Hu’Zes sur la différence entre la vérité et la justice, de même quelques temps avant tu fais dire à ton héros que les législateurs n’ont pas à répondre devant leurs lois mais seuls ceux dont la vie est régit par elle. Ça va très loin… tu peux t’expliquer un peu ?

David Lapetina : C’est un fait. Le législateur par définition n’est pas exposé aux lois
qu’il promulgue puisqu’il peut à sa guise les modifier. La loi n’est pas là pour défendre une vérité absolue et encore moins la justice mais uniquement les intérêts d’un petit nombre et surtout la survie de l’Etat. D’ailleurs on est en pleine tautologie puisque est bon/mauvais ce que la loi décrète comme tel. Donc la loi par essence ne peut être
ni mauvaise ni injuste. Elle est son propre référent.

Onirik : Hu’Zes est des personnages secondaires, qui m’a le plus émue. Un sage, non violent, qui voit les qualités des êtres par delà leur apparence et qui donnera sa vie pour ses principes. L’histoire de son peuple tient à la fois de l’histoire du peuple juif et de celle des chrétiens. Ce sont des gens admirables qui se démarquent des nombreux personnages plutôt noirs du roman. De même pour les Elfes qui eux, sont en symbiose avec la nature. La foi et la communion avec la nature sont importantes pour toi ?

David Lapetina : La foi oui puisqu’à mon sens la croyance et la crainte envers une justice divine implique moins de manipulations et plus de recul par rapport aux lois humaines.

Quant à la communion avec la nature effectivement cela me parait essentiel puisque nous sommes partie prenante de notre écosystème. Nous ne pouvons pas nous en abstraire ce qui ne veut pas dire qu’il faut revenir à un état de « bon sauvage » puisque je ne crois pas à ce mythe que l’homme est naturellement bon, bien au contraire.

Onirik : Je te cherche un peu, mais tu as une vision noire de la sexualité, ou elle s’achète, ou elle est punie de façon horrible, ou c’est carrément du viol. On a l’impression que les hommes seraient plus sages sans elle, à l’image d’Ikahac qui n’a pas de désir. Je me trompe ?

David Lapetina : Oui tu te trompes 🙂 Cela est montré suivant l’angle d’un pur cérébral
qui ne comprend pas comment on peut se laisser guider par son système hormonal. Après dans ce livre c’est sombre dans le suivant ça le sera aussi d’ailleurs. Il faut comprendre que l’histoire s’axe sur deux personnes dont les métiers les amènent à côtoyer le sordide et donc les chants des oiseaux sont masqués par le bruit des canons.

Onirik : De même, l’amour est inexistant, par contre il existe une très belle amitié entre tes deux héros et il s’en crée une autre, entre eux et le peuple Elfe. C’est quelque chose d’important dans ta vie l’amitié ?

David Lapetina : Amitié et amour sont des concepts flottants derrière lesquels chaque
individu met un peu se qui lui plait. Ce qui explique pourquoi tant de couples et de relation d’amitiés volent en éclats. J’ai du mal à saisir cette gradation comme s’il s’agissait de mesurer une grandeur physique. L’amour/amitié sont relativement synonyme pour moi. Donc dans mon livre je considère qu’il y a de l’amour entre
Lafidem et Ikahac mais sans que cela soit sexuel vu que l’amour/amitié
et le sexe sont des notions certes non exclusives mais complètement
indépendantes. Après évidemment que cela me semble important mais non nécessaire bien que l’âme de l’homme devienne vite aride quand il n’est pas aimé.

Onirik : C’est le premier livre que tu publies, est-ce le premier que tu as écrit ?

David Lapetina : Oui.

Onirik : Aurons-nous la joie de lire la suite des aventures d’Ikahac et Lafidem ?

David Lapetina : Pas pour le moment. D’autres livres se passeront dans le même monde par contre (mais pas le suivant). Après tout dépendra de mes envies… et des lecteurs.

Onirik : Merci pour ta gentillesse et pour toutes ces précisions, je rappelle qu’Une enquête inattendue a été publiée sous la licence Creative Commons (by-nc-nd) sur In libro veritas

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