La faute du président Loubet – Avis +

Présentation de l’éditeur

En ce mois de décembre 1904, une sombre affaire menace la République. Gabriel Syveton, le chef de la droite parlementaire, est retrouvé asphyxié dans son bureau. Tout laisse penser qu’il, s’agit d’un meurtre déguisé en suicide. L’Elysée prend aussitôt des mesures pour accréditer cette version des faits, seul recours pour éviter une crise du régime.

Investigateur de l’ombre, Raoul Thibaut de Mézières est chargé par le président Loubet de supprimer les indices du crime. Mais les arcanes de cette enquête révèlent d’étranges personnages, notamment une certaine Eusapia Paladino qui organise des séances de spiritisme fréquentées par la bonne société parisienne, en commençant par l’épouse du président de la République. Au cœur des complots qui pèsent sur l’équilibre politique de la France, Raoul Thibaut devra, une fois de plus, compter sur son instinct. Mais le jeune homme, dont le cœur et l’esprit sont ailleurs, saura-t-il empêcher la tragédie ?

Avis de Valérie

Jacques Neirynck est un écrivain de talent qui sait très bien installer une ambiance et qui connait parfaitement son sujet (ici la France au début du XXe siècle). Il utilise la langue française comme un orfèvre taillerait un joyau à l’aide de matière brute : avec délicatesse, mais également force en imposant des mots et des expressions peu usités, tout en les mettant naturellement en valeur.

Ce troisième roman est étonnant car si le premier volume voyait le décès de Pierre Curie, le voilà maintenant qui assiste avec sa femme – en chair et en os – à une séance de spiritisme. Cette extravagance mise de côté, on tombe simplement sous la charme de l’écriture et la richesse de la narration de l’auteur. Il dissèque la politique de l’époque en tirant des leçons du passé (de la monarchie face à cette république de gauche naissante) tout en projetant sa synthèse sur le futur, c’est à dire notre époque.

Jacques Neirynck possède une expérience dont il se sert pour étoffer ses personnages et les événements qui leur arrivent. Il rend crédible ce noble catholique et pratiquant, attaché au président Loubet, avocat de province socialiste, qui, aidé par son gouvernement, va mettre fin à la main mise de l’église sur le pouvoir. Notrehéros doit donc cacher sa religion tout en décryptant pour les hauts dignitaires ignorants, les arcanes de la liturgie et des coutumes.

Il est à noter que son « aide de camp » (à la fois valet et adjoint lors des enquêtes), Arsène Champigny, prend de l’épaisseur et que ses jeux de mot et calembours sont plus à propos qu’auparavent.

L’écrivain arrive également à nous intéresser à une période de l’histoire à mi-chemin entre une vraie démocratie et des temps où l’armée ou le peuple pouvait d’un coup, d’un seul, mettre à mal tout gouvernement ou royaume.

L’intrigue, elle, est confuse et sa résolution déstabilisante car pas réellement aboutie. Mais cette déception réelle ne reste pas dès le livre fini, tant le voyage aux côtés de Jacques Neirynck est passionnant. Sa peinture de Paris tient du réalisme d’un Zola, couvert par un voile léger de romantisme à la Hugo, l’ensemble étant empreint du regard extérieur du narrateur nous éclairant les moeurs de l’époque, mais dont le coeur serait resté au sein du personnage principal.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 238
Editeur : 10/18
Collection : Grands detectives
Sortie : 19 juin 2008
Prix : 7 €

Biographie de l’auteur

Docteur en sciences appliquées, Jacques Neirynck a enseigné aux universités de Kinshasa (République démocratique du Congo) et de Louvain (Belgique). Après une carrière dans l’industrie, il a dirigé, à partir de 1972, la chaire des Circuits et Systèmes de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Il a siégé au Conseil national de la Confédération helvétique de 1999 à 2003, a été réélu en 2007 et se consacre depuis 1996 à son activité de journaliste et d’écrivain. Jacques Neirynck est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages scientifiques, d’essais et d’œuvres de fiction, dont une trilogie romanesque, parue chez Pocket – comprenant Le Manuscrit du Saint-Sépulcre, La Révélation de l’ange et La Prophétie du Vatican -, ainsi que sa série des enquêtes de Raoul Thibaut dans le Paris du début du XXe siècle, inaugurée par La Mort de Pierre Curie et Le Crime du prince de Galles.