Le Premier jour du printemps – Avis +

Éditeur ‏: ‎10/18

roman de Nancy Tucker

Présentation de l’éditeur

Julia, mère célibataire, a un secret. Le premier jour du printemps, il y a plus de 20 ans, elle a tué quelqu’un. Peut-on pardonner l’impardonnable ?

Chrissie est la meilleure pour chaparder des bonbons, faire le poirier et gagner les parties de cache-cache. Mais, dans sa banlieue anglaise sordide, son quotidien est violent, solitaire et misérable, entre un père absent et une mère démissionnaire. La seule chose qui donne à Chrissie l’impression d’être vivante, c’est son secret. Le premier jour du printemps, elle a tué un petit garçon.

Quinze ans plus tard, Chrissie s’appelle Julia. Elle tente d’être une bonne mère pour Molly, sa fille de cinq ans. Va-t-elle pouvoir subvenir à ses besoins ? Réussir à lui donner ce qu’elle n’a jamais reçu ? Quand, un soir, elle commence à recevoir de mystérieux appels, elle craint que son passé ne refasse surface. Et que sa plus grande peur, celle de se voir retirer Molly, ne soit sur le point de se réaliser.

Avis de Valérie

Le premier jour du printemps, voilà un bien joli titre. Et la petite fille sur la couverture est ravissante. Puis on tombe sur la première phrase du roman, un choc : « Aujourd’hui, j’ai tué un petit garçon« . L’horreur grandit quand on découvre que la narratrice est Chrissie, une enfant de huit ans, et que c’est de manière tout à fait délibérée qu’elle vient de tuer un enfant de deux ans.

Nancy Tucker maîtrise parfaitement son sujet, elle travaille dans une unité de soins psychiatriques. Si elle a auparavant publié plusieurs textes documents, Le premier jour du printemps est son premier roman, et il est inspiré d’un fait divers qui a bouleversé l’Angleterre dans les années 60.

Roman à deux voix mais une seule personne, Chrissie à huit ans et Julia, la nouvelle identité qui lui a été fournie par les autorités à sa sortie du Foyer où elle avait été placée suite à son procès.

Chrissie vit dans la partie la plus pauvre d’une banlieue anglaise, entre un père qui ne fait que de furtives apparitions et une mère qui la maltraite quand elle ne la délaisse pas, oubliant même de la nourrir, essayant de l’abandonner. Chrissie se débrouille comme elle peut, se nourrissant de miettes, s’incrustant chez des voisins à l’heure des repas, volant des bonbons à l’épicerie. Mais elle ne veut pas de l’apitoiement des autres, elle s’est forgé une carapace de dureté, d’insolence, de froideur, préférant se faire rejeter que faire pitié. Elle a une seule amie, Linda, mais ne peut s’empêcher de la rabrouer régulièrement.

Dix-sept ans plus tard, Julia est la maman célibataire d’une petite Molly de cinq ans, constamment tiraillée par les doutes et les peurs : peur de ne pas savoir faire, peur que Molly ressemble à l’enfant qu’elle a été, peur de ne pas savoir aimer, peur de ressembler à sa propre mère, peur que les services sociaux lui retirent sa fille, peur de ne pas mériter le bonheur d’être mère après ce qu’elle a commis dans son enfance.

A travers des phrases percutantes, précises, qui visent au cœur et font mouche à chaque fois, Nancy Tucker réussit un premier roman sur un sujet éprouvant, qui réunit les thèmes de l’enfance, de la maternité, de l’amitié, de la rédemption, une lecture difficile mais nécessaire qui mène à beaucoup d’interrogations. Faut-il pardonner ? Doit-on pardonner ? Peut-on pardonner ? Julia n’est pas Chrissie…

Un coup de cœur troublant.


Fiche technique

Format : poche ‏
Pages : ‎384
Éditeur ‏: ‎10/18
Sortie : 2 mars 2023
Prix : 9,20 €