17 ans, une chronique du mal : tome 1 – Avis +

Editeur : Naban

de Seiji Fujii et Yoji Kamata

Attention, manga pour public averti

Présentation officielle

Sachiko n’a que 17 ans. Et c’est parce que de jeunes garçons veulent s’amuser qu’elle se retrouve séquestrée des semaines durant. Aucun ne veut la libérer car tous ont peur de faire face aux conséquences !

Personne ne semble se soucier de son sort. Seule sa sœur jumelle poursuit sans relâche les recherches car elle sait que Sachiko est en danger.

Arrivera-t-elle à la retrouver avant que l’irréparable ne se produise ?

Avis de Chris

A 17 ans, Sachiko travaille après les cours afin de gagner assez d’argent pour payer ses futurs frais d’université. Tandis qu’elle rentre chez elle, elle croise la route de jeunes hommes, affiliés aux bôsôzokus. Après un stratagème malsain, elle est kidnappée par ces derniers et devient rapidement leur esclave sexuelle. Pour Miki, sa sœur jumelle, sa disparition n’a rien d’anodin. La police ne semble pas vraiment prendre au sérieux l’affaire, alors elle décide de mener l’enquête de son côté.

Parallèlement, Hiroki, un lycéen qui se cherche, est souvent raquetté avec son ami Takashi. Ils sont sauvés par un chef de gang local. Sans le vouloir, peu à peu, ils rentrent dans le clan, terrorisés à l’idée de se faire tabasser ou pire tuer. Cela, jusqu’au point de non retour, où ils deviennent complices de la séquestration d’une lycéenne.

17 ans, une chronique du mal est un manga publié en 2004 dans son pays d’origine. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir des dessins un peu datés, proches de ce que l’on pouvait lire à l’époque, tel que GTO 1. Le thème du bôsôzoku2 n’y est pas étranger. Toutefois, l’horreur de la situation est parfaitement mise en scène par Yoji Kamata qui exploite les angles et la lumière afin que beaucoup de scènes ne soient pas trop explicites. L’horreur est totale, mais pas toujours frontale. On ne peut que l’en remercier tant certaines planches peuvent être déjà insoutenables.

Savoir que ce manga est adapté d’un véritable fait divers provoque une vive émotion. Des individus, jeunes qui plus est, qui ont eu l’idée de l’enlever, de la séquestrer, puis de la violer et de la brutaliser est juste aberrant. A la fin du tome 1, on ne peut que compatir pour Sachiko et espérer un dénouement heureux. Toutefois, la dernière planche est loin d’aller en ce sens. On souhaite également que Hiroki prenne son courage à deux mains pour quitter le gang et tenter d’aider Sachiko, mais il n’est toujours pas dans un tel processus psychologique. Il est encore contraint à persister dans la violence absolue pour se défendre et ne pas perdre la tête.

Reste une énigme en suspens qui, si on y réfléchit bien, peut faire froid dans le dos : qui est l’homme qui a failli entrer dans la chambre et qui fait abstraction des cris dans la maison ? Est-ce un voisin, un habitant du lieu ? Pourquoi n’a-t-il pas agi ? Ce passage assez court dans le tome questionne beaucoup et laisse perplexe quant à la situation effroyable qui se joue à quelques mètres de cet individu.

C’est évidemment un manga pour un public averti et adulte, avec des trigger warning à n’en plus finir.

Série en quatre volumes, les éditions Naban publient ici un manga cru, extrêmement violent mais non dénué de sens3.


  1. Great Teacher Onizuka, publié aux éditions Pika (25 tomes). ↩︎
  2. Gangs d’adolescents/adultes de motards et d’automobilistes, prolifiques surtout dans les années 70 et 80, au Japon. ↩︎
  3. La psychologie des personnages est plus ambivalente que dans la réalité. Ce choix scénaristique est à double tranchant. On a aussi de la peine pour Hiroki, alors qu’on ne devrait pas compte tenu des actes qu’il laisse commettre et de l’inhumanité des véritables criminels. ↩︎

Fiche technique

Format : poche
Pages : 216
Editeur : Naban
Sortie : 25 septembre 2020
Prix : 8 €