Et la fête continue – Avis +

film français de Robert Guédiguian (2023)

Présentation officielle

A Marseille, Rosa, 60 ans a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri. Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.

Avis de Pascale

Rosa, mère, grand-mère, sœur, heureuse et bien entourée, infirmière pétrie d’humanité, prépare sa candidature aux élections municipales de Marseille. Sa famille, dans laquelle est soigneusement entretenue l’identité arménienne, la croit toujours forte et déterminée, bien ancrée dans ses engagements politiques, alors qu’elle se trouve à la croisée des chemins.

Mais Rosa est une mésange charbonnière. Oui, oui, vous savez, cet oiseau qui vit tout près des habitations humaines. Elle est aussi Papagena quand elle rencontre son Papageno (clin d’œil à La flûte enchantée de Herr Mozart !), alias Henri, ancien libraire. Henri, pétri sans doute de la pensée d’Homère, autre personnage important de l’histoire, tente de se rapprocher de sa fille Alice.

Alice est fiancée à Sarkis, fils de Rosa, en voilà d’heureuses circonstances ! Elle est comédienne, chanteuse, chef de chorale, en recherche de vérité et d’authenticité. À la suite de l’explosion d’un immeuble, dans un quartier populaire (et insalubre) de la cité phocéenne, la jeune femme lance une alerte vibrante sur le thème de la précarité et des intérêts en jeu pour certains. L’apothéose, ce sera pour la fin !

Rosa et Alice, c’est un peu le même combat : deux générations avec la même générosité, mais teintée pour l’une de recul, de lucidité et d’humour, et pour l’autre de luminosité nuancée d’une déchirure intime. Toute la tendresse, la poésie réaliste de Robert Guédiguian s’expriment là, face aux Îles de Lérins dans leur splendeur bleutée avec un fond musical magistral.

À noter que le personnage de Henri se décline en différentes tonalités, en partant d’un souci de rachat pour un passage en douceur de l’intellect aux émotions. On appréciera sûrement la bonté gaie et franchement exprimée des deux fils de Rosa, Sarkis et Tonio. La touche Robert Guédiguian se retrouve dans ce souci de ses personnages, si proches du vivant.

Le jeu de chaque comédien est convaincant dans une simplicité belle à voir et à entendre. Cela peut faire du bien et réchauffer le cœur, surtout dans un monde si souvent désabusé.


Fiche technique

Sortie : 15 novembre 2023
Durée : 106 minutes
Genre : comédie dramatique
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark…