TCM cinéma – Gravity

Vendredi 2 juin 2023 à 20H50

film américain d’Alfonso Cuaron (2013)

Houston ! Ici la spécialiste Stone, actuellement à la dérive !

Une masse de débris émanant de la destruction d’un satellite-espion russe (1) frappe la navette Explorer alors que son équipage effectuait des travaux sur le télescope spatial Hubble. Les seuls rescapés sont l’astronaute chevronné Matt Kowalski (George Clooney) et le médecin Ryan Stone (Sandra Bullock). Ils se retrouvent dans l’espace à bord de leurs scaphandres alors que la navette est inutilisable. Leur seule chance de survie consiste à rejoindre soit la station spatiale internationale soit la station orbitale chinoise Tiangong.

Filmée avec compétence, cette superproduction souffre d’un manque flagrant de réalisme. Pour la tension dramatique, il a été convenu que les astronautes voient les débris arriver sur eux (c’est-à-dire à 28 000 km/h). Outre cette « licence artistique », on remarquera de la buée sur la visière du scaphandre de Ryan Stone. Ceci est tout à fait logique, car à l’intérieur de leur scaphandre, les astronautes portent une combinaison munie d’un système de refroidissement. Seulement, voilà lorsque Stone enlèvera son scaphandre, on constatera qu’elle n’est vêtue que de sous-vêtements (sans doute une référence à Ripley dans le film Alien le huitième passager).

Le film s’affranchit régulièrement des lois de la physique. Comme les satellites espions, le télescope Hubble, la station spatiale internationale et la station chinoise ne se trouvent pas à la même altitude passer de l’un à l’autre est assez illusoire. L’astronaute américain Michael J. Massimino (2) a déclaré dans le The New York Times : « Ce serait aussi vraisemblable que de rallier à la nage Londres aux Caraïbes ! »

Enfin, précisons une anomalie historique. Le film date de 2013. Or, les derniers vols des navettes spatiales américaines datent de 2011. Considérées comme trop dangereuses, elles ont été envoyées au musée.


(1) En 2007, la Chine et les USA ont procédé à des tests en envoyant des missiles sur de vieux satellites leur appartenant, ce qui a engendré des milliers de débris dans l’espace. La cascade de débris du film est une possibilité. Ce scénario est connu sous le nom de syndrome de Kessler, du nom du scientifique de la NASA Donald J. Kessler qui a proposé la théorie pour la première fois en 1978. Un syndrome de Kessler en cascade impliquant un objet de la taille de la Station spatiale internationale déclencherait une réaction en chaîne catastrophique de débris. Le champ de débris en orbite rendrait impossible le lancement de missions d’exploration spatiale ou de satellites pendant des décennies.

(2) qui a visiblement inspiré le personnage de Kowalski.