Shoah rejoint ainsi au patrimoine cinématographique de la Mémoire du monde, les archives des Frères Lumière, Metropolis de Fritz Lang, Los Olvidados de Luis Buñuel, et tout Bergman.
Œuvre primordiale de l’histoire orale, Shoah rejoint aussi Le Journal d’Anne Frank, les archives du ghetto de Varsovie, celles du procès d’Auschwitz et la collection de témoignages de Yad Vashem. L’Histoire retient très peu de choses des siècles. Le XXe siècle est le siècle de la Shoah, c’est aussi le siècle du Cinéma. L’inscription à la mémoire du monde de l’UNESCO confirme la place unique de ce chef-d’œuvre entre art et histoire.
Avec Shoah, Claude Lanzmann libère la parole des revenants des camps. Il débusque et fait parler les témoins au plus près de la machine de mort : les Sonderkommandos ou juifs du travail, esclaves assignés aux chambres à gaz et aux fours, les habitants polonais jouxtant les centres de mise à mort, et les nazis eux-mêmes qu’il réussit à faire parler et à filmer avec une caméra cachée.
Le réalisateur français invente une nouvelle forme de cinéma, ni documentaire, ni fiction. Il met en
scène, à partir du rien ou du presque rien qui reste, investit magnifiquement les paysages et confronte des
témoins aux lieux du crime.
Shoah, c’est neuf heures vingt-six minutes de film, deux cent vingt heures de pellicules conservées à l’USHMM (United States Holocaust Memorial Museum) de Washington et tout autant d’interviews audio, conservées au Jewish Museum Berlin, Musée Juif de Berlin, institution choisie par l’ACFL : un symbole fort de l’amitié franco-allemande pour laquelle Claude Lanzmann a œuvré dès 1947.
À ce titre, du 6 novembre au 20 décembre 2023, Shoah et toute l’œuvre cinéma de Claude Lanzmann feront l’objet d’une rétrospective intégrale à la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou, en amont du centenaire de la naissance de Claude Lanzmann, des 40 ans de la sortie de Shoah et des 80 ans de la libération des camps en 2025.
Site web : https://www.claude-lanzmann.com