Résumé de l’éditeur
Décidément, Richie est un mari imprévisible. Après avoir troqué sa casquette de prof de maths contre celle de PDG d’une firme prospère de Manhattan, il annonce à Rosie, le lendemain de leurs noces d’argent, qu’il la quitte pour une autre femme. Quatre mois plus tard, il réapparaît… étendu mort sur le sol de sa cuisine !
Evidemment, tous les soupçons s’abattent sur elle. Rosie comprend bientôt qu’elle n’a plus qu’une solution : prendre la fuite et mener elle-même l’enquête. Chemin faisant, elle va faire de surprenantes découvertes sur ce cher disparu…
Avis de Marnie
Quel talent… comment écrire plusieurs fois la même histoire et savoir se renouveler, c’est ce qu’il faut se demander lorsque nous lisons un roman de Susan Isaacs. Ici, toujours le même thème profond en filigrane : celui qui renie ses racines et ce qu’il est, ne sera jamais heureux. Savoir s’assumer, lever la tête et être fier de son identité vous fera escalader des montagnes… D’une limpidité éclatante, cette vérité profonde vous est assenée avec un enthousiasme et une sincérité qui vous entraîne dans une histoire pleine de péripéties.
Le point le plus fort est bien évidemment l’héroïne : Rosie Meyers née Bernstein, une petite juive avec l’accent de Brooklyn dont le mari est devenu millionnaire et qui s’est retrouvée implantée de force à Long Island, dans la banlieue de New-York, professeur, plus occupée par la montée chromatique de l’amour dans Orgueil et Préjugés, que par la vie brillante et sociale à laquelle aspire son mari… A 48 ans, le lendemain de la soirée donnée pour leurs 25 ans de mariage, Richie Meyers la quitte pour une “wasp” : soit une femme blanche protestante anglo-saxonne de 39 ans, séduisante et ambitieuse. Le monde s’écroule pour Rosie… mais sombre littéralement lorsque Richie est retrouvé mort dans sa cuisine, et qu’elle se retrouve la principale suspecte aux yeux de la police, mais aussi de son entourage.
Soudain la dynamique, sympathique mais tranquille petite Rosie va se transformer en fugitive, en quête du vrai meurtrier, mais également de l’homme qu’était son mari, et qu’elle ne connaissait pas vraiment. Seulement ce qu’elle va trouver en quelques jours, c’est elle-même. Cette évolution est l’aspect le plus émouvant et le plus profond du roman. Sous cette enveloppe plutôt gentille mais fade, se cache une femme volontaire, futée, courageuse et… revancharde. Femme nuancée, qui a besoin de connaître ses limites pour se projeter dans l’avenir, notre héroïne est attachante, entraînant l’empathie du lecteur grâce à sa fougue et sa sincérité.
Sur sa route, comme toujours avec Susan Isaacs, défilent les personnages secondaires très différents les uns des autres, tous passionnants, décrits en quelques lignes, l’auteur réussissant à éviter le piège du pittoresque, de la caricature, leur faisant atteindre une vraie dimension. Là encore, l’auteur esquive certains des clichés liés au judaïsme, notamment celui de la fameuse mère juive… Elle nous parle de Long Island avec une certaine tendresse et une réelle connaissance, décrivant avant l’heure (le roman a été écrit en 1993) un quartier remplis de desesperate housewives. Nous sentons grâce à ses petites pointes acides le vécu… Les deux hommes qui vont croiser la vie de Rosie, la révèlent à elle-même avec pour le premier un petit goût de “non politiquement correct” délicieux. Il faut peu de scènes, peu de dialogues pour développer une intensité dans les relations amoureuses, et c’est aussi là que se situe le talent de Susan Isaacs !
Le style est assez déroutant. Si les deux premiers chapitres sont franchement comiques, les six suivants tombent peu à peu dans le tragique ou l’humour s’efface devant l’horreur de la situation. Mais, c’est à partir de ce moment, que toutes les facettes de la personnalité de notre héroïne prennent un autre relief et le rythme est totalement au service de la vitalité retrouvée de Rosie. L’intrigue policière est, somme toute, classique, cependant très fouillée et vraiment maîtrisée, même si comme souvent chez cet auteur on trouve rapidement qui est l’assassin, nous savons bien évidemment que cela n’est qu’accessoire. La montée de la tension aboutit à une scène d’une grande force dramatique…
Décidément, encore un excellent suspense où Susan Isaacs prend le temps de distiller sa petite analyse sociologique d’un monde qu’elle connaît bien. Mais le récit nous parle également d’un beau portrait de femme qui se libère pour mieux se retrouver ! A savourer toujours sans modération…
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 475
Editeur : Pocket
Sortie : 25 janvier 2000
Prix : épuisé, en vente sur les sites de livres d’occasion