Le lys pourpre – Avis +

Résumé de l’éditeur

Grâce à sa cousine Roz, Hayley a trouvé refuge à Harper House où elle peut élever sa fille Lily en toute tranquillité. Elle a désormais une famille et adore son travail à la jardinerie. Que demander de plus ? Un homme, peut-être. C’est sûr, Harper, le fils aîné de Roz, ne la laisse pas indifférente, et il semblerait qu’elle lui plaise aussi.

Mais, comme à chaque fois qu’une idylle se noue à Harper House, réapparaît celle que l’on nomme  » l’épouse Harper  » : le fantôme d’Amelia Connor, qui pleure toujours le bébé qu’on lui a arraché. Bientôt sa fureur vengeresse grandit et se déchaîne, jusqu’à prendre possession de l’âme de Hayley. Pour l’apaiser, il faudrait enfin comprendre ce qui s’est passé à Harper House, en cette tragique année 1893…

Avis de Marnie

Voici enfin le troisième tome de la trilogie Le secret des fleurs. A ma grande satisfaction, ce dernier opus tient toutes ses promesses. Ici, c’est au tour de Hayley de devenir l’héroïne principale. Mais peut-on vraiment parler de personnages secondaires en ce qui concerne les deux autres, Stella et Roz ? Justement, non, et c’est une très bonne surprise de constater la place importante donnée par l’auteur à ces deux femmes, pour la suite du récit.

Hayley a donc débarqué à Harper House dans le premier tome, enceinte de six mois, sans avenir professionnel, ni refuge, ni argent. L’excellente idée de Nora Roberts est d’avoir évité le piège de la pauvre fille mère, abandonnée par un homme sans scrupule et qui pleure toutes les larmes de son corps se jurant de ne plus jamais faire confiance à un amoureux en puissance. Au contraire, cette toute jeune femme sait prendre à bras le corps toutes les opportunités qui se présentent dans la vie. Sa vision du monde est saine, sans aucun complexe, avec un culot rafraîchissant et une joie de vivre sans égal. On admire son côté fonceur, sa futilité pour les petits luxes de la vie, sa façon très terre à terre de considérer ses responsabilités et sa curiosité pour tout ce qui l’entoure.

L’intérêt d’avoir lu les deux premiers tomes, est que l’on a pu observer son évolution. De jeune fille insolente, amusante et culottée, au cours de ces derniers mois, après la naissance de sa petite fille, elle s’est métamorphosée en femme, acquérant une maturité qui lui sied bien. Les relations qui se nouent peu à peu entre Harper, le fils de Roz, et Hayley, pourraient franchement même manquer d’intérêt (pour faire l’objet d’une romance, suivant le vieil adage, les gens heureux n’ont pas d’histoire), tant cela paraît être normal, sans vraie péripétie, si l’auteur n’insufflait pas un certain talent dans les dialogues, les quelques hésitations, malentendus, mésententes, dont la spontanéité et le naturel sont un des grands atouts du roman. C’est charmant dans le bon sens du terme et même reposant d’assister à l’approfondissement de ces liens amoureux, que Nora Roberts n’hésite pas à pimenter de scènes sensuelles très agréables. Même notre héros est assez attendrissant, tout en étant jeune (par rapport aux héros de romance habituels) découvrant lui-aussi les responsabilités liées à la maturité et l’envie de construire quelque chose. En cela, l’étroite complicité qui le lie à sa mère est passionnante et attendrissante. Cependant, cela manquerait tout de même de relief s’il n’y avait pas le fil conducteur des trois romans… le fantôme Amelia.

Cette dernière, de gentille apparition au début du premier tome, a finalement montré une image d’elle-même de plus en plus inquiétante, au fur et à mesure que l’enquête faite par Mitch, le mari de Roz, sur son identité, prend de l’ampleur. De fantôme perturbé à Amelia la névrotique psychopathe, sa présence devient angoissante et dangereuse. Ses pensées interfèrent avec celles de Hayley, l’entraînant dans sa vision cynique et glacée du monde. La jeune femme étant sociable et ouverte, elle n’hésite pas à communiquer aux autres son malaise, mais peu à peu, elle maîtrise de moins en moins ses réflexions. Là encore, Nora Roberts a la très bonne idée de ne pas mettre en scène une pauvre jeune femme isolée ayant trop peur pour raconter ce qui se passe en elle. Elle a peur et le clame haut et fort.

La situation se transforme, évolue, et les personnages secondaires prennent une part active à l’action. Le rythme est ainsi rapide, apportant une vraie cohérence à l’ensemble. Nous avons un peu l’impression que si les protagonistes de l’histoire avaient pris ce fantôme comme un personnage pittoresque, donnant du sel à leur vie, et sentant enfin le danger, unissent leurs forces pour s’en débarrasser. C’est alors un plaisir de voir des relations humaines si chaleureuses, qui se nouent et s’approfondissent avec un certain bonheur. En fait, cette trilogie des fleurs, est avant tout un seul roman qui pourrait se lire d’une traite, tant il y a d’unité et de complicité entre tous.

Donc, c’est un peu avec une certaine déception que j’ai fermé la dernière page de ce livre qui conclut une trilogie très réussie, ce dont je n’étais plus habituée avec Nora Roberts, qui se répétait de façon mécanique plus que lassante dans ce style d’écriture à trois héroïnes. La jardinerie au centre de l’histoire vibre des odeurs du sud, on ressent un amour à la terre, une vraie intensité et une douceur de vivre, qui font passer un excellent moment de divertissement au lecteur. Du pur dépaysement selon le style romance à l’américaine ! Un des vrais plaisirs de lecture de cet automne !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : J’ai Lu
Collection : Grand roman
Sortie : 28 septembre 2007
Prix : 9,95 €