Sins of a duke – Avis +/-

Résumé de l’éditeur

Sebastian Griffin, the Duke of Melbourne, has raised his younger siblings, seen to it that they made correct matches, and basically kept everyone in line. Seen as the most powerful man in England, Sebastian has a reputation for propriety and has maintained a scandal-free life.

Until now.

Josefina Katarina Embry is a beauty, to be sure, but she claims to be the princess of a faraway country. While she dazzles the ton with her wit and charm, Sebastian suspects she’s up to something. And he’s determined to expose her . . . if only he wasn’t so distracted by her brazen sensuality and the irresistible allure of her kiss. Sebastian knows an affair will lead them into scandal, but will the most powerful man in England risk all for a princess of dubious lineage . . . or will he allow a most sinful desire to rule his heart?

Avis de Callixta

Voici un livre qui, une fois refermé, me laisse absolument perplexe. Difficile de faire la chronique d’un livre aussi détestable qu’il peut être agréable… Disons le tout net : Suzanne Enoch a choisi de faire de la romance légère et classique. Pour cela, il faut que je rappelle ce qu’est la romance traditionnelle :

1) L’héroïne est obligatoirement jeune, belle comme le jour et vierge : garantie absolue que la jeune fille n’a connu aucun désagrément terriblement peu romantique du type veuvage ou pire encore, échec d’un premier mariage.

2) Elle est sur le marché du mariage : toute jeune femme doit trouver l’âme-sœur puisqu’elle a été mise sur terre pour se marier et avoir beaucoup d’enfants.

3) Le héros est expérimenté et vaguement cynique : un homme qui serait un grand niais et puceau de surcroît n’est pas romantique du tout. Il est donc plus vieux et blasé par la vie. Il va bien sûr en redécouvrir toute la fraîcheur grâce à l’héroïne.

4) Ils vont explorer le plaisir mutuel qu’on peut se procurer entre homme et femme : ils vont tomber dans le même lit après quelques séances préparatoires qui échouent grâce au sang froid héroïque du héros ou l’arrivée impromptue d’un événement perturbateur extérieur.

5) Quelques personnages secondaires de préférence, des membres de la famille viennent apporter ce qu’il faut pour alléger ou faire évoluer l’intrigue. Si c’est possible, il faut un enfant ou une vieille tante parce que c’est toujours attendrissant. Un petit animal, un chien par exemple est du meilleur effet.

6) Enfin, il faut un ou des méchants capables de tout pour nuire au bonheur programmé de nos deux héros.

Suzanne Enoch remplit chacun de ses points scrupuleusement. Ainsi, l’héroïne Josefina Embry est blanche de peau, a les lèvres rouges comme des cerises et des yeux profonds comme la nuit. Elle est bien sûr vierge. Elle rencontre Sebastian Griffin, duc de Melbourne qui est veuf donc blasé par la vie, froid et rendu cynique par son rôle auprès du Prince de Galles. Ils sont affublés chacun d’une famille envahissante : Sebastian a trois frères et sœurs qui ont eu chacun leur histoire et veillent sur lui comme sur la prunelle de leurs yeux. Il a aussi une petite fille (voir 5). Josefina a un père et une mère qui lui permettent de remplir également le point 6. Bref, tout est réuni pour que le roman fonctionne mais… la mayonnaise ne prend pas.

Peut être parce que justement, ces points sont listés avec tellement peu de surprise que cela devient irritant. Pourtant Suzanne Enoch fait de son mieux en apportant d’heureuses innovations qui me laissent cependant dubitative.

Tout d’abord notre traditionnelle héroïne est joyeusement amorale. Elle a mené jusqu’alors une vie d’escroc sans aucun complexe et apparemment sans s’en rendre compte. Son père, mégalomane et mythomane, monte des coups géants pour escroquer de l’argent mais Josefina s’en accommode fort bien. Voler, ce n’est pas si grave surtout si ce sont des banques… Cela aurait pu conduire à un portrait iconoclaste de l’héroïne traditionnelle mais pas du tout : le héros, véritable incarnation de la morale la ramène dans le droit chemin, honteuse et confuse.

De plus, Suzanne Enoch sait écrire des scènes qui boostent son roman : la toute première ou Josefina tape dans l’œil au sens propre comme au sens figuré de notre héros est frappante, si j’ose dire, mais retombe comme un soufflé et est suivie par un océan de banalités. La petite fille de sept ans de Sebastian, c’est à dire celle qui doit apporter fraîcheur et légèreté se comporte comme une adolescente contemporaine.
Enfin, le tout baigne dans une joyeuse incohérence : le père de Josefina veut que Sebastian devienne le mari de sa fille, avant de décider qu’il serait mieux mort puis devant sa tentative de meurtre ratée, accepte que ledit Sebastian épouse Josefina… Une histoire rocambolesque de royaume exotique est au coeur du roman.

On peut ajouter à cela que la Régence de Suzanne Enoch ressemble à notre vie contemporaine : le langage est familier, les hommes se serrent la main, la fille de Sebastian est la place d’un enfant de 2007 dans la famille…

Ce livre devrait être un accident industriel mais pourtant on le lit jusqu’au bout et pas seulement pour boire le calice jusqu’à la lie mais parce que Suzanne Enoch s’amuse en l’écrivant et parvient à nous tirer quelques sourires. Parce qu’elle sait aussi saupoudrer quelques scènes charmantes et inattendues qui séduisent.

Mais cela conduit aussi à déplorer qu’elle ne prenne pas plus de temps pour concocter des histoires moins bancales ou plus originales. Cela fait regretter aussi que le poids de la romance traditionnelle pèse encore si lourd sur les épaules de quelques auteurs qu’elles utilisent encore les vieilles recettes pour garantir un succès auprès d’un lectorat tout acquis.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 384
Editeur : Avon Books
Sortie : 7 juin 2007
Langue : anglais
Prix : 5,17 €