DVD – The children – Avis +/-

Résumé

Little Children entrecroise les vies, les destinées contrariées, les secrets, les rêves, les fantasmes et les angoisses de personnages dans la quiétude trompeuse d’une banlieue bourgeoise de la côte Est des Etats-Unis.

Avis d’Enora

Nous sommes dans une banlieue bourgeoise, mais l’histoire pourrait se dérouler dans n’importe quelle petite communauté. Les hommes travaillent (sauf un qui, n’arrivant pas à décrocher son examen de droit, garde son petit garçon pendant que sa femme subvient aux besoins de la famille), les épouses s’ennuient et médisent tout en élevant leurs enfants. Les couples ne tiennent que par convention, les hommes allant assouvir ailleurs leur sexualité sous des formes variées. L’arrivée dans le quartier d’un homme ayant été condamné pour exhibitionnisme déclenche un véritable bouleversement dans la vie de tous. Les rumeurs vont bon train, il suffit de l’accusation sans fondement d’une seule personne pour que cet homme devienne pour tous un pédophile.

Au cœur de cette communauté, Sarah (merveilleusement interprétée par Kate Winslet) est une jeune femme qui ne s’épanouit ni dans son rôle de mère, ni dans son rôle d’épouse. La rencontre avec Brad, jeune père au foyer par la force des choses, va changer sa vie. A l’instar de Madame Bovary, dont elle redécouvre la lecture, elle se sent piégée dans son existence malheureuse et décide de se battre. Sa rébellion prendra la forme de l’adultère.

Todd Field a concocté là une parfaite satire de la société bien pensante et moralisatrice. La petite communauté est décrite avec beaucoup de méchanceté et d’humour. L’analyse des personnages est fine, leur évolution au cours de l’histoire va les amener à laisser tomber peu à peu toutes leurs certitudes. Le cinéaste se penche aussi sur la maternité et le matriarcat : les femmes qui restent au foyer pour « dresser » leurs enfants, le père qui joue un rôle de mère tout en étant materné par sa femme, la grand-mère qui supervise le jeune couple et Sarah qui s’interroge sur ses capacités à aimer sa petite fille .

Les bémols

– la voix off qui accompagne le film et qui est censée porter l’ironie face aux situations finit par être pénible. On a l’impression que le réalisateur s’adresse à un public au QI d’huître incapable de décrypter le scénario ou le jeu des acteurs !

– la fin, et là c’est la cata ! Todd Field ne nous fait pas une happy end, il fait pire en nous donnant une fin moralisatrice, avec une dernière phrase qui fait froid dans le dos quand on la remet dans le contexte : « On ne peut pas changer le passé mais on peut encore construire le futur. » Genre, Brad et Sarah n’avaient qu’à réfléchir avant de se marier, maintenant il faut qu’ils construisent au mieux leur avenir sur cet engagement qui ne doit pas être remis en question. On imagine alors que le futur de Brad sera de réussir son examen de droit pour devenir avocat, métier qui visiblement ne le branche pas et que celui de Sarah sera de découvrir l’amour maternel au sein d’un couple sans affection… Quelle déception ! Est-ce dû à la pression des producteurs sur ce jeune réalisateur ou est-ce un manque de hardiesse de sa part ?

Deuxième long métrage du cinéaste Todd Field, ce film a reçu trois nominations aux oscars dont deux sont amplement méritées : celle de Kate Winslet qui joue merveilleusement sur tous les registres émotionnels et celle de Jackie Earle Haley angoissant au possible dans le rôle du délinquant sexuel.

A noter, la très belle photo d’ Antonio Calvache .

Fiche Technique

Genre : drame

Durée : 140 minutes

Avec Kate Winslet, Patrick Wilson, Jennifer Connelly, Jackie Earle Haley, etc.

Sortie du DVD : septembre 2007, vierge de tout bonus!