La victoire de François Bayrou aux présidentielles de 2007

Une uchronie ? Non le résultat d’un type de scrutin alternatif.
Le scrutin majoritaire à deux tours a quelques inconvénients, qui se traduisent par certaines tendances :

– les vainqueurs sont élus d’après leur charisme plutôt que d’après leur programme
– la radicalisation des exclus
– le vote utile plutôt que les convictions
– le votant du second tour est influencé par le résultat du premier tour
– au second tour la défection de ceux ayant eu leur candidat éliminé au premier tour

D’où la recherche d’un nouveau mode de scrutin :

Le scrutin préférentiel transférable consiste à éliminer progressivement les candidats. Les électeurs votent une seule fois avec un bulletin indiquant leur ordre de préférence parmi tous les candidats. Il existe en deux méthodes : la méthode Hare (ou vote alternatif) et la méthode Coombs (ou vote de rejet).

Pour tester ces deux méthodes les chercheurs de l’Université de Lille I (Villeneuve d’Ascq) ont profité du premier tour des élections présidentielles. 1592 électeurs de Faches-Thumesnil (au sud de Lille) ont rempli des bulletins avec les 12 noms des candidats du premier tour chacun en les classant par ordre préférentiel. Précisons que les électeurs testés ont voté à 53,38 % pour Nicolas Sarkozy et à 46,62 % pour Ségolène Royal ce qui correspond à un résultat proche de la moyenne nationale (53,06 & 46,94%)

Une fois les données collectées, il a été été procédé informatiquement à deux calculs des résultats selon les deux méthodes Hare et Commbs.

Hare (vote alternatif)[[Utilisé en Australie, aux Îles Fidji, en Irlande, en Papouasie Nouvelle-Guinée, au Sri Lanka et à la Mairie de San Francisco]]

Si au premier tour aucun candidat n’obtient la majorité (50,1 %), le candidat ayant obtenu le plus mauvais résultat est éliminé et ses voix sont reportées sur le deuxième choix. On poursuit ainsi jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité.

– 1e tour : exclusion de Gérard Schivardi (ses voix devant être reportés sur ceux qui constituait le deuxième choix des électeurs, dans ce cas précis la voix unique (!) pour Gérard Schivardi sera reportée sur Besancenot).
– 2e tour est exclu Frédéric Nihous
– 3e José Bové
– 4e Philippe de Villiers
– 5e Dominique Voynet
– 6e Arlette Laguiller
– 7e Marie-George Buffet
– 8e Jean- Marie Le Pen
– 9e Olivier Besancenot
– 10e François Bayrou
– 11e tour il ne reste en lice que Nicolas Sarkozy avec 54,15%, suivi de Ségolène Royal 45,85 %

On remarquera que le résultat de la méthode Hare correspond à peu près à celui du scrutin majoritaire à deux tours

La méthode Coombs, au contraire de Hare, est basé sur le rejet (de la personne ou du programme)
Cette méthode théorique n’est pas appliquée concrètement.
Il s’agit d’éliminer les candidats les plus souvent placés en fin de liste.

– 1er exclu Le Pen
– 2e Schivardi
– 3e Nihous
– 4e De Villiers
– 5e Bové
– 6e Laguiller
– 7e Buffet
– 8e Voynet
– 9e Besancenot
– 10e S. Royal
– Le 11e tour voit la victoire de Bayrou 51,97 % contre Sarkozy 48,03 %

Un résultat intéressant qui nous indique quel est l’homme politique le plus rejeté par l’ensemble des électeurs français et quel autre homme politique bénéficie du plus grand capital de sympathie (ou de moins d’hostilité envers sa personne). En tout cas si la méthode Coombs avait été appliquée, il apparaît que nous aurions actuellement un autre président.

Une analyse plus complète est disponible sur le site de l’université de Lille I