Louis de Funès – Avis +

Présentation de l’éditeur

Cela parut soudain mais, en fait, il arrivait de loin. Il ne sortait de nulle part, sinon d’innombrables galères, dramatiques à force d’être comiques, et il entrait, enfin, dans la lumière. Il était temps. À quarante-deux ans. Crâne déplumé et allure de petit papet, ne ressemblant en rien a un pimpant jeune premier, il trônait sur de Funès le haut d’une échelle au fin fond d’une sombre cave encombrée de gros jambons. Et, en deux temps, trois mouvements et quatre phrases, face à deux légendes vivantes du grand cinéma français, Gabin et Bourvil, il mettait les spectateurs de La Traversée de Paris dans la poche de son tablier à carreaux d’épicier-charcutier. Son numéro, savoureux, faisait un effet boeuf, découpé dans la dentelle et exécuté sans filet.

En 1956, date de la sortie de ce film d’Autant-Lara qui le révéla, le bonhomme en question, dénommé Louis de Funès de Galarza, descendant d’immigrés espagnols, et encore peu connu, alors, au bataillon des saltimbanques, n’était pourtant pas un perdreau de l’année. Il turbinait en effet depuis une quinzaine d’années au cabaret, au cinéma et au théâtre. Dans un nombre incalculable d’oeuvres ringardes en tous genres, il n’avait pas cessé de promener une silhouette qui, traversant en bondissant la quasi-totalité des comédies de l’époque, avait fini par s’imposer, à la force du poignet et à la multiplication de la grimace. Dans plus de quatre-vingts longs métrages en noir et blanc (il tourna plus de cent cinquante films en tout), de Funès réussissait à donner des couleurs rien qu’en faisant tapisserie. Râlant, rouspétant, ronchonnant, pétaradant, trépignant, fulminant constamment, cet excellent joueur de piano, doté d’un grand sens du rythme et de la partition, explosait. Avec pertes et fracas. Il le fît sur le tas, sur le tard. Pendant une décennie et demie, il avait bourlingué dans des navets dont il garda le sel, apprenant à la longue les ficelles du métier, l’art de la fugue et le goût des envolées.

De Funès a passé des années à jouer du boulevard, dire du Guitry, multiplier les rôles à charge, à se déguiser encore et encore, tenant parfois plusieurs emplois dans le même film. En un personnage comme en cent, il avait accumulé les panouilles et il en avait fait des tonnes qui finissaient par confiner au pur génie. Excellant dans les mines, les mimiques, les contorsions, les grimaces, Louis ne redescendit jamais du sommet de son échelle qui lui fut, à vie, le socle d’un piédestal. Cela lui valut le statut formidable d’une vedette, d’une star indétrônable. Campant des personnages hors des normes et hors d’eux-mêmes, il incarne, pour l’éternité, non seulement le charcutier Jambier mais encore le gendarme Cruchot, le trafiquant Saroyan, le chef d’orchestre Lefort, le commissaire Juve, l’industriel Pivert, le grand d’Espagne Salluste… D’une interprétation à l’autre, il inventa un type, un genre, un modèle, un archétype. Lâche devant les puissants, odieux devant les faibles, irascible, teigneux, tempétueux, mielleux, méchant et bête à la fois, à en donner le vertige, Louis de Funès fut, à lui seul, l’expression la plus noire et la plus drôle de toute la comédie humaine. Précisément parce qu’il était humain, trop humain.

Avis d’Emilie

Dans un format original, en album, on découvre ou redécouvre la vie d’un acteur marquant, Louis de Funès.

Agréablement écrit, ce livre s’attarde sur l’homme, et pas seulement sur sa carrière. On y apprend plein de choses intéressantes, des anecdotes, et ce qui a fait que son talent n’a été reconnu que tardivement.

Agrémenté de photos bien légendées, ce livre est agréable bien conçu, clair. On y retrouve une filmographie très complète, et à la lueur de cette biographie, on a envie de redécouvrir l’oeuvre de l’acteur.

Fiche technique

Format : album
Pages : 110
Editeur : Hors collection
Collection : Destins de légende
Sortie : 10 janvier 2013
Prix : 13 €